Nouvelles de Flandre
"Ronse bilingue - Renaix tweetalig" se mobilise pour faire respecter les facilités linguistiques



Hôtel de ville de Renaix

Situé au sud de la province de Flandre-Orientale, le long de la frontière linguistique, Renaix (Ronse en néerlandais) a, depuis 1963, le statut de commune à facilités. Elle dispense donc un enseignement maternel et primaire en français, en plus du néerlandais, et ses habitants peuvent obtenir leurs documents officiels en français.

Les facilités transitoires?

On le sait, le maintien des facilités linguistiques pour les francophones n'est pas du goût de la Flandre qui considère que ces facilités ont été conçues en tant que mesure transitoire pour permettre aux francophones de s'intégrer en région flamande. Cette thèse est indéfendable, comme l'explique Vincent de Coorebyter, président du Crisp. "La loi ne dit rien quant au caractère temporaire des facilités. Or si le législateur avait voulu instaurer un mécanisme temporaire, la moindre des choses aurait été de l'inscrire dans la loi".

Qu'à cela ne tienne, plusieurs propositions de lois spéciales ont été déposées à la Chambre et au Sénat par l'extrême-droite et les nationalistes flamands, en vue de supprimer les facilités. Les autorités communales de Renaix ont également lancé une procédure à l'encontre de l'Etat belge afin d'abroger le régime des facilités. Déboutées par le Tribunal de première instance de Bruxelles, elles ont décidé d'interjeter appel.

Ne pas se laisser faire

Excédé par la remise en question des facilités, "Ronse bilingue-Renaix tweetalig" a décidé de ne pas se laisser faire. Nous avons rencontré son président Patrick Vanovertveldt.

Très jeune déjà, il a été confronté aux tracasseries imposées par les autorités flamandes aux francophones. "Ma mère était wallonne et mon père flamand. J'ai donc été élevé dans les deux langues. Enfant, j'habitais à Ellezelles en Wallonie. Puis nous avons déménagé à Renaix, mais j'ai continué à fréquenter mon école francophone à Ellezelles. Je m'y rendais avec le bus scolaire. J'étais âgé de sept ou huit ans quand un jour le bus a été arrêté par une voiture banalisée. Il était, en fait, interdit qu'un bus vienne chercher des enfants en Flandre pour les conduire dans une école en Wallonie. Cela m'a beaucoup choqué. Suite à cette décision, j'ai dû aller à vélo, jusqu'à la frontière linguistique où le bus nous conduisait jusqu'à notre école."

Lorsque, en août 2019, les inscriptions en français sur les panneaux de signalisation sont une nouvelle fois taguées, c'est la goutte qui fait déborder le vase. Patrick Vanovertveldt crée un groupe sur Facebook. Ils sont nombreux, ceux qui veulent s'associer parce qu'ils en ont assez que les facilités ne soient plus respectées à Renaix. En un an, le mouvement compte plus de 2.500 sympathisants et ce malgré la crise du coronavirus.

"Ronse bilingue-Renaix tweetalig" est un mouvement apolitique. Il milite pour "le respect des facilités linguistiques et la promotion d'une unité harmonieuse entre les deux communautés". Ce n'est pas un vain souhait puisque dans la commune voisine de Flobecq, commune wallonne à facilités pour les néerlandophones, la cohabitation se fait de façon paisible et harmonieuse.

Une dégradation progressive de la situation

Selon Patrick Vanovertveldt, la prise de conscience de la nécessité de se mobiliser pour faire respecter les facilités est liée à une dégradation progressive de la situation, amorcée en 2012, année où les nationalistes flamands de la N-VA arrivent au pouvoir en coalition avec le CD&V. Dans les bistrots ou dans la rue, on peut s'exprimer en français, puisque la majorité des habitants est bilingue. Par contre, au niveau de l'affichage et de la communication de l'administration communale, le français est de moins en moins respecté. "Les annonces et affichages se font de moins en moins dans les deux langues. Jusque-là peu de monde en avait encore été vraiment choqué. Mais l'an passé, quand des extrémistes ont badigeonné les noms des rues et les plaques routières en français, cela nous a poussés à agir" explique Patrick Vanovertveldt.

Des plaintes reconnues comme recevables et fondées

Plusieurs plaintes sont déposées auprès de la Commission permanente de contrôle linguistique, concernant l'affichage dans des lieux publics (maison communale, CPAS, parc de recyclage, bibliothèque, piscine, ...) ainsi que la publication des magazines d'information et du site internet officiels de la commune qui ne se font qu'en néerlandais. Ces plaintes ont été reconnues, en juillet 2020, comme recevables et fondées. "Renaix doit rédiger les avis et communications destinés au public en français et en néerlandais, en accordant la priorité au néerlandais". Un premier succès pour les défenseurs des facilités linguistiques à Renaix.


Edgar FONCK


De g. à d.: Edgar Fonck et Patrivk Vanovertveldt


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