Coup de cœur de cette fin d'année, "La belle époque" de Nicolas Bedos ressuscite toute la magie du cinéma et de la comédie avec une belle nostalgie.

Victor, un dessinateur de presse sexagénaire largué par le numérique accepte le cadeau de son fils_: l'espace d'un jour, revivre un moment marquant de sa vie, sa rencontre 40 ans plus tôt avec celle qui devint sa femme... et qui vient de le larguer!

Sur une idée très originale parfaitement exploitée, le film de Nicolas Bedos est un mélange réussi de romanesque assumé et de dialogues ciselés, enlevé par des comédiens, Daniel Auteuil, Fanny Ardent, Guillaume Canet, Doria Tillier, Denis Podalydès, Pierre Arditi au mieux de leur art.

Sinon, "Les Misérables" de Ladj Ly, film coup de poing du Festival de Cannes où il a raflé le prix du jury, observe intelligemment les rapports de forces entre policiers, jeunes, trafiquants et frères musulmans, dans une banlieue prête à exploser.

Lui-même originaire de Montfermeil, Ladj Ly raconte ainsi l'histoire d'un policier qui intègre la Brigade anti-criminalité de cette banlieue de la Seine Saint-Denis en liesse après la victoire de la France au Mondial russe. Il rejoint deux équipiers, l'un plutôt beauf, raciste sur les bords, et l'autre Noir genre cool qui en a vu d'autres. Jusqu'au jour où ça dérape grave...

Dans "J'accuse" Roman Polanski apporte un regard neuf sur l'affaire Dreyfus, celui d'un militaire (Jean Dujardin) qui rouvrit l'enquête malgré l'opposition de sa hiérarchie et contribua à innocenter Dreyfus. Au-delà du fait qu'on n'apprend rien de vraiment neuf sur cette célèbre affaire judiciaire, on peut reprocher au cinéaste de 86 ans de signer une mise en scène fort plan-plan.

Enfin, que penser de "Le meilleur reste à venir" de Mathieu Delaporte et Alexandre De La Patellière, le duo à qui l'on doit "Le prénom"? Pas simple de rééditer l'exploit. Suite à un énorme malentendu, deux amis d'enfance, Fabrice Luchini et Patrick Bruel, chacun persuadé que l'autre n'en a plus que pour quelques mois à vivre, décident de tout plaquer pour rattraper le temps perdu.

Longueur des dialogues et Bruel exaspérant (mais n'est-on pas influencé par la presse à scandale?) pour les uns, histoire d'amitié touchante portée par un duo en forme olympique pour les autres, les avis divergent. A vous de vous faire votre propre idée. En espérant le meilleur en 2020!

Pierre GERMAY