Nouvelles de Flandre
La Tunisie à l'honneur à la Maison de la Francité

Soirée "hors normes", telle que l'annonçait la Maison de la Francité, ce 6 novembre, puisque pas moins de quatre écrivains tunisiens étaient accueillis pour présenter leur travail littéraire et évoquer les défis de la littérature francophone en Tunisie.

Samir Marzouki est trilingue et pour lui "c'est un véritable bonheur" de pouvoir écrire aussi bien en arabe que dans la langue dialectale tunisienne ou en français. C'est son père, véritable érudit (historien, anthropologue, écrivain, poète, scénariste, homme de théâtre et de radio) personnage important dans le paysage tunisien du 20ème siècle qui l'a poussé à apprendre le français alors que lui était uniquement arabophone. Et des livres, Samir Marzouki, en a écrit beaucoup: sur la littérature francophone, sur la didactique des langues ainsi que des romans, des nouvelles et des poèmes. Il a créé la collection "Miroir d'encre" destinée aux adolescents. Il milite aussi pour maintenir, dans son pays, la littérature francophone via une émission radio qu'il anime depuis plus de 30 ans.

Samir Marzouki, tout comme Emna Belhadj Yahia, philosophe et écrivaine, ont fait part de la cassure qui se creuse dans la littérature tunisienne suite à la situation politique et religieuse complexe du pays. Inquiète face à ce qui s'est passé suite à la révolution en Tunisie qui a chassé un dictateur pour ensuite élire un régime islamiste autoritaire, Emna Belhadj Yahia a publié un essai "Questions à mon pays" qui met en lumière les nombreuses contradictions entre le désir de démocratie et la libération des haines contre l'école moderne, l'interrogation sur soi, vus comme des inventions de l'Occident.

Cette société tunisienne pleine de contradictions, hante aussi les romans de Mohamed Harmel, un jeune architecte qui s'est tourné vers la philosophie puis la littérature. A travers ses personnages, il raconte une réalité dominée par les tabous religieux, politiques, par une crise de modèle de société.

Quant à Rafik Ben Salah, il a choisi l'exil en Suisse parce que, après avoir étudié en France, il a fini par "se sentir étranger dans son pays". En parallèle à une carrière d'enseignant, il a publié une quinzaine d'ouvrages, romans et nouvelles, primés en Suisse et en Tunisie.

Les quatre écrivains ont souligné le recul de la langue et de la littérature françaises en Tunisie, alors que le pays sera l'hôte de plusieurs événements culturels d'envergure en 2020 avec, pour n'en citer que deux: le congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français, en juillet et le Sommet des chefs d'États de la Francophonie, en décembre.

Si la littérature tunisienne se porte bien, grâce à des maisons d'édition performantes, sa diffusion ne passe pas la barrière de la Méditerranée. Peu d'ouvrages se retrouvent dans les rayons de nos libraires.


Anne-Françoise COUNET

Informations: https://www.maisondelafrancite.be


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