Depuis "Toto, le héros" de Jaco Van Dormael, caméra d'or en 1999, il est rare qu'un Festival de Cannes n'ait pas un petit accent bien de chez nous.

Pour sa 72e édition, le Festival et son jury, présidé par le Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, ont récompensé Luc et Jean-Pierre Dardenne du prix de la mise en scène, un prix qui leur va si bien tant leur mise en scène est toujours si précise, digne des plus grands horlogers. Ce qui fait d'eux les cinéastes les plus primés de l'histoire du Festival de Cannes, excusez du peu.

A présent, libre à vous de voir, ou non, dans "Le jeune Ahmed", l'histoire de ce gamin radicalisé par son imam et qui n'a de cesse de vouloir tuer sa prof de français jugée impure, une invitation à la paix et à la tolérance.

L'histoire d'amour entre Cannes et le cinéma belge se traduit aussi, cette année, par la caméra d'or qui récompense "Nuestras Madres" de César Diaz, un cinéaste guatémaltèque ayant fait ses études à Bruxelles et dont le premier film (consacré au procès des militaires à l'origine de la guerre civile dans son pays) est une production belge francophone.

Et cette histoire d'amour aurait pu (ou dû?) se compléter d'un prix d'interprétation pour notre Virginie Efira tant elle est éblouissante dans le rôle titre de "Sybil" de Justine Triet, où elle incarne une psychanalyste qui choisit de mettre sa carrière entre parenthèses pour retrouver le plaisir d'écrire... avant d'être relancée par une cliente.

Malgré un scénario dont la lecture à plusieurs niveaux peut sembler difficile, Virginie Efira, déjà égérie de Justine Triet dans son précédent film "Gloria" et ici pour la première fois nue à l'écran, illumine le film en psychothérapeute confrontée à ses propres abîmes.

Que retenir en dehors de l'actualité cannoise? "Venise n'est pas en Italie" d'Ivan Calbérac, où Benoît Poelvoorde - père d'une famille un peu branque vivant dans une caravane, pas vraiment l'idéal pour le fiston de séduire une amie de collège - se la joue un peu trop à la Poelvoorde façon "Les convoyeurs attendent".

Et "Nous vieillirons ensemble" ou les retrouvailles, huit ans après "Les petits mouchoirs", de Guillaume Canet avec ses potes François Cluzet, Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Benoît Magimel et Laurent Lafitte, qui s'invitent chez Max (François Cluzet) pour fêter avec lui ses soixante ans... qu'il n'a aucune envie de fêter! Sympa mais sans plus.

Pierre GERMAY