Alors que l'Europe célèbre, en 2019, le 450e anniversaire de la mort de Pieter Bruegel l'Ancien, le musée de Flandre à Cassel (Nord de la France) prend part, jusqu'au 14 juillet, à cet événement avec une exposition ambitieuse portant un éclairage inédit sur les Fêtes et Kermesses au temps des Brueghel.

Pour le grand public, les fêtes et les kermesses dans l'art flamand font écho aux œuvres de Pieter Bruegel l'Ancien. Nous avons tous en tête ces kermesses endiablées dans lesquelles les paysans dansent, boivent et ripaillent aux sons de la cornemuse. Un moment de communion et de joie de vivre, une perception colorée de la peinture flamande au XVIe siecle.

Engouement pour la fête bruegelienne

Et pourtant, à ce jour, on ne dénombre que trois kermesses et noces villageoises peintes par le maître_! Ce sont sans doute les nombreuses copies, reprises et versions réalisées par ses successeurs et en particulier ses fils Jan et Pieter qui ont nourri le formidable engouement pour la fête bruegelienne.

"L'innovation de Pieter Bruegel l'Ancien réside avant tout dans sa manière d'appréhender l'espace et les personnages car la fête est un motif présent bien avant lui dans les gravures et les peintures", explique Sandrine Vézilier-Dussart, conservatrice. "Les dérives qui se glissent ici et là dans les différents plans peuvent, certes, offusquer mais elles traduisent surtout la dimension espiègle du genre satirique flamand."

Figure emblématique, Pieter Bruegel l'Ancien a longtemps porté ombrage à ses fils et successeurs qui méritent aujourd'hui de ne pas être réduits à de simples imitateurs. Pieter II Brueghel est certainement l'exemple le plus significatif: maîtrisant parfaitement le vocabulaire de son père, il parvient à modeler de nouvelles compositions toujours en vogue dans le premier tiers du XVIIème siècle alors que le baroque fait son entrée triomphante en Flandre.

Parallèlement à la fête bruegelienne apparaissent d'autres représentations telles que la parabole du fils prodigue qui relance en quelque sorte les scènes galantes médiévales. Les sujets et les styles s'affranchissent des modèles bruegeliens, preuve une fois de plus que l'art flamand est pluriel et foisonnant.

Une exposition-évènement

Cette fantastique liberté de création qui anime la Flandre des XVIème et XVIIème siècles fonde l'image de ce territoire profondément humaniste et convivial. Plus d'une centaine de toiles, gravures et instruments de musique en provenance de musées prestigieux et d'importantes collections privées sont joyeusement réunis pour cette exposition-évènement. Une exposition importante aussi dans l'espace puisque, pour la première fois depuis la réouverture en 2010, elle investit la totalité du musée de Flandre (1000 m2).

Edgar FONCK

Informations: https://museedeflandre.fr