Nouvelles de Flandre
Journée bruxelloise du Multilinguisme et de la Francophonie

La Francophonie, c'est aussi l'occasion de s'ouvrir aux autres langues. L'ambassade de France en Belgique, l'Organisation internationale de la Francophonie et l'Alliance Française Bruxelles-Europe - en collaboration avec plusieurs ambassades et des associations vouées à la promotion de la langue et la culture françaises dont l'APFF et le Richelieu - organisaient les 6 et 7 mars derniers la Journée bruxelloise du Multilinguisme et de la Francophonie au Palais des Académies à Bruxelles, en présence de nombreuses personnalités.

Quatre thèmes ont été abordés sous forme de tables rondes: Droit et langues des négociations internationales - L'intelligence artiÞcielle va-t-elle réaliser le mythe de Babel? - Les médias face à l'unilinguisme - Culture, recherche, édition: la bataille pour les publications non anglophones.

Morceaux choisis

Au niveau des négociations internationales, pour un diplomate, connaître une langue étrangère: "ce n'est pas une notion mais une nécessité" selon Johan Verbeke, directeur de l'Institut Egmont. Deux aspects sont essentiels en diplomatie. D'une part, l'empathie qui consiste à "se transposer mentalement dans l'esprit de son interlocuteur" pour être entièrement à son écoute et le comprendre. Il est donc avantageux de connaître la langue de l'autre parce que la langue est plus qu'un outil technique, c'est un univers, une manière de penser. Second aspect primordial en diplomatie: le respect et la reconnaissance. Donc, pouvoir ne fut-ce qu'accueillir son interlocuteur dans sa langue est une marque de considération, élément facilitateur en négociation.

Pour Olga Cosmidou, ancienne directrice du service de traduction et interprétation du parlement européen, dans le contexte de la globalisation, nos langues doivent être préservées puis-qu'elles sont le vecteur de notre culture qui reflète notre vision du monde. Toutes les langues de l'Union doivent être respectées.

Stéphane Lopez, représentant de l'OIF auprès de l'UE déplore l'absence de conscience linguistique associée à une absence de conscience des dégâts culturels qui mènent certains à ne s'intéresser qu'à l'efficacité et les poussent à l'utilisation d'une langue unique, la langue de l'approximation. Les statistiques montrent que plus de 90% des documents sont rédigés en anglais, on ne peut donc plus parler de multilinguisme dans les institutions européennes.

En matière de médias, selon Béatrice Delvaux, rédactrice en chef au Soir, en Belgique le rapport à la langue française et à sa pratique est chargé culturellement par les fantasmes du passé, les mythes et les rapports collectifs. Selon Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, les institutions communautaires sont depuis longtemps dans un régime unilingue anglophone, non pas imposé par les Britanniques mais qui s'est installé à cause de l'abdication de la classe politique française et ce, depuis l'adhésion des états nordiques et de l'Autriche, en 1995.

Enfin, Jacques De Decker, secrétaire perpétuel de l'Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, souligne que le rayonnement des grands penseurs français du XVIIème siècle a donné à la France l'illusion que le français était une langue universelle. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Il faut cependant s'inquiéter de l'uniformisation à l'échelle de la planète de l'usage d'une langue.

Avec lui, on pourrait conclure ces réflexions en disant que "le phénomène langagier est par définition pluraliste et non prédestiné à l'universalité".


A-F COUNET

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