Le cinéma français est rentré bredouille du Festival de Cannes. On retiendra tout de même "En guerre" de Stéphane Brizé qui, trois ans après "La loi du marché" retrouve Vincent Lindon dans la peau d'un syndicaliste se battant contre la fermeture de son usine.

Au-delà d'une violence tantôt intériorisée, tantôt extériorisée, Stéphane Brizé s'intéresse aux individus et aux raisons qui les guident : la rentabilité face à la concurrence internationale pour la direction, comment boucler son mois et payer le crédit de la maison pour les salariés.

C'est, en fait, plutôt de chez nous que viennent les meilleurs films du moment. Ainsi, tout d'abord, "Troisièmes Noces" de David Lambert. Ce cinéaste originaire de Vielsalm, découvert à la Semaine Internationale de la Critique, à Cannes, en 2012, avec "Hors les murs", s'intéresse cette fois aux mariages blancs. Martin, un homosexuel veuf et fantasque, la cinquantaine (Bouli Lanners, truculent en contre emploi), accepte de se marier avec une Congolaise de vingt ans (Rachel Mwanza). Encore faut-il convaincre les autorités migratoires de la réalité de leur amour... Humour et sensibilité. Migration et homosexualité. Le film touche un peu à tout mais le résultat est touchant et drôle.

Ensuite, "Mon Ket" de et avec François Damiens qui suit et incarne Dany, un type dans la quarantaine qui choisit de s'évader de prison pour enfin s'occuper de son fils, son Ket, et lui enseigner les choses de la vie... entre cavales et embrouilles! Passées les premières scènes où l'on se préoccupe plus de savoir s'il s'agit bien de caméras cachées (ou de "fake news" pour parler français...), on découvre un cinéma improbable mais d'une étonnante vérité avec des dialogues forcément très natures. Et donc très drôles.

Toujours de chez nous, mais aussi de Cannes où il fut la révélation de la section Un Certain Regard en remportant la camé-ra d'or et un prix d'interprétation, "Girl", premier long métrage du cinéaste flamand Lukas Dhont, filme le dur combat, corporel et psychologique, d'un garçon (Viktor Polster, impressionnant) soucieux de changer de sexe et de devenir danseuse étoile. Le film sortira à la rentrée, ne le manquez pas!

Enfin, si vous ne l'avez pas encore vu, ne ratez pas "Place Publique" d'Agnès Jaoui, avec un Jean-Pierre Bacri de la meilleure veine, tout en dérision dans le petit monde pipeule de la télé parisienne.

Pierre GERMAY