Fiction ou documentaire, à vous de voir...
Ainsi, "Ni juge, ni soumise" de Jean Libon et Yves Hinant, du légendaire magazine "Strip-Tease". Anne Gruwez, juge d'instruction à Bruxelles, nous entraîne au coeur de ses enquêtes criminelles et du (dys)fonctionnement de la Justice: scènes de crime, photos de victimes, exhumation de cadavres, pièces à conviction entassées dans de véritables cavernes d'Ali Baba, tout y passe. Et puis Madame le Juge ne mâche pas ses mots, engueule les prévenus, distribue menaces et leçons de morale avec aplomb et humour. Une vraie tranche de vie.

"Jusqu'à la garde" de Xavier Legrand nous offre une plongée, là aussi d'une grande vérité, au sein d'un couple (Léa Drucker et Denis Ménochet) qui divorce. Un week-end sur deux, leur fils, 11 ans, se retrouve pris psychologiquement en otage par un père violent. Le film saisit parfaitement l'insupportable vécu par cet enfant.

Avec "La douleur", Emmanuel Finkiel signe l'adaptation d'une nouvelle de Marguerite Duras où la comédienne Mélanie Thierry campe la célèbre écrivaine. En 1944, dans Paris encore occupé, elle tente de retrouver son ami Richard Antelme, expédié dans les camps, allant jusqu'à frayer avec un collabo trop avenant. Petit à petit, le film plonge dans la vie intérieure de la narratrice, torturée par la peur et l'interminable attente, dans une suite de phrases scandées et de longs silences soulignant la dimension incantatoire de sa quête.

A sa façon, "L'apparition" de Xavier Giannoli donne chair à une enquête canonique qui doit authentifier une apparition de la Vierge Marie. Avec, dans le rôle de l'enquêteur un Vincent Rodin Lindon partagé entre le souffle de la foi et les lumières de la raison. Et les injonctions de Rome...

Danny Boon revient dans le Nord avec "La Ch'tite Famille". Loin d'être la suite de..., c'est presqu'une introspection sur lui-même, la star parisienne confrontée à ses origines ouvrières. Avec Laurence Arné, François Berléand, Line Renaud et Pierre Richard. Mais le résultat n'est pas vraiment drôle.

Enfin, "Une part d'ombre" de Samuel Tilman, offre à Frabrizio Rongione, découvert par les Frères Dardenne, un rôle en or, celui d'un type accusé d'un meurtre juste parce qu'il a été aperçu sur les lieux du crime peu avant. Il a beau clamer son innocence, le doute s'immisce même parmi ses proches. Un premier film de fiction fort bien maîtrisé.

Pierre GERMAY