Nouvelles de Flandre
Diner littéraire: Jacques De Decker, "Une vie en littérature"

Quand on cite le nom de Jacques De Decker, on pense directement à une personnalité du monde littéraire belge mais il est bien difficile de mettre une "étiquette" précise sur les fonctions qu'il occupe. Et ce n'est pas sans raison au vu des nombreuses activités qui ont émaillé sa carrière.

Jacques De Decker est à la fois, romancier, auteur dramatique, essayiste, critique littéraire, traducteur ou encore journaliste. Il dirige également la revue Marginales, anime de nombreuses rencontres littéraires dont les fameuses conférences des Midis de la poésie et depuis 2002, il est le Secrétaire perpétuel de l'Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique. Germaniste de formation, il est un des rares auteurs belges à écrire dans les trois langues nationales. Il a traduit et adapté aussi bien des oeuvres de Goethe que de Shakespeare, Hugo Claus ou Woody Allen.

Bien difficile aussi de résumer l'entretien organisé par la Maison de la Francité, le 31 janvier dernier. Parmi les nombreux sujets évoqués, épinglons quelques thèmes éclairants.

La poésie

Alors qu'il est l'auteur de nombreux textes dans des domaines multiples, pourquoi Jacques De Decker n'a-t-il jamais abordé le domaine de la poésie. Il explique: "l'écriture poétique est la plus impudique. Or, c'est par la poésie que je suis venu à la littérature. J'ai appris très tôt un tas de poèmes par cœur. J'ai une passion éperdue pour des poètes en différentes langues parce que je peux lire la poésie en quatre langues. La poésie me touche très fort et parler de ce qui me touche m'est très difficile".

La traduction

Jacques De Decker évoque Hubert Nyssen, fondateur des éditions Actes Sud. L'invité de la Maison de la Francité le connaît bien puisqu'il a publié un essai consacré à un entretien avec l'éditeur. Hubert Nyssen a eu une formidable intuition en se tournant vers des auteurs d'origine notamment scandinave pour publier leur traduction française. Cette ouverture vers d'autres littératures, Hubert Nyssen la doit sans doute en partie à ses origines belges. Jacques De Decker explique: "Nous sommes, nous, francophones de Belgique, juste à côté du septentrion de l'Europe qui commence en Flandre se poursuit aux Pays-Bas et va jusqu'au Danemark et la Scandinavie. Tout cet ensemble se trouve devant le problème de la communication de sa culture, à cause du moindre rayonnement de sa langue. Or, ce sont des pays où la littérature joue un rôle énorme. Par exemple, l'Islande est le pays qui compte le plus grand nombre d'écrivains, de bibliothèques et de librairies au regard de sa population. Ces pays ont des politiques de traduction d'une efficacité redoutable qui favorise la diffusion de leurs auteurs".

L'Académie belge

Jacques De Decker insiste sur son importance non seulement par rapport à la littérature et à la grammaire mais aussi au niveau de la défense de la langue en tant que telle. "Vu les dangers que nous courons, nous sommes une académie qui nommément est une académie de langue française. Ce qui n'est pas le cas de l'Académie française qui ne le dit pas ouvertement et s'occupe d'un dictionnaire." Il ajoute par ailleurs: "la langue française est la seule langue qui puisse encore véritablement opposer une résistance au cannibalisme anglo-saxon". Et précise: "la culture française a ceci de particulier qu'elle n'est pas qu'une langue. Elle est porteuse d'un message sans commune mesure". Il se dit heurté par la pauvreté de l'anglais qui est actuellement pratiqué, le globish. Ce n'est pas seulement une réduction du langage mais aussi de la pensée. Pour conclure sur l'importance de la défense de la richesse de toute langue quelle qu'elle soit.


Anne-Françoise COUNET


Copyright © 1998-2018 A.P.F.F.-V.B.F.V. asbl
Secrétariat: Spreeuwenlaan 12, B-8420 De Haan, Belgique
Téléphone: +32 (0)59/23.77.01, Télécopieur: +32 (0)59/23.77.02
Banque: BE89 2100 4334 2985, Courriel: apff@francophonie.be
Site: http://www.francophonie.be/ndf