Soyons honnête, les films francophones à l'affiche fin 2017 n'étaient pas très accrocheurs. En ce début 2018 qu'on vous souhaite plein de bonheurs cinématographiques, citons d'abord "Maryline" de Guillaume Gallienne ("Les garçons et Guillaume, à table!"), l'histoire d'une jeune fille qui quitte papa et maman et sa province pour monter à Paris et devenir comédienne, sans s'imaginer la faune qu'elle aura à affronter. Malheureusement, de nombreuses ellipses éloignent le spectateur du sujet. Avec Adeline d'Hermy, grande comédienne de théâtre, Annah Schaeffer et Vanessa Paradis.
Ensuite, "Le brio" d'Yvan Attal, la rencontre à Paris d'un professeur d'université volontiers raciste et d'une étudiante de banlieue qu'il doit préparer à un grand concours d'éloquence. Il leur faudra dépasser les préjugés. Même si les situations sont un peu clichées, les dialogues sont savoureux et Camélia Jordana fait jeu égal avec Daniel Auteuil.
"En attendant les hirondelles" de Karim Moussaoui nous emmène en Algérie. Après les printemps arables, que reste-t-il des espoirs, souvent déçus, de trois personnages aux destins croisés? Dommage que le côté léché et poétique du film éclipse le fond du sujet.
Avec "Numéro une", Tonie Marshall ("Vénus Beauté Institut") ausculte le monde machiste de l'entreprenariat à travers l'histoire d'une jeune femme ingénieure qui tente de s'y imposer. Le portrait de femme est joli, Emmanuelle Devos magnifique, mais à force de vouloir aborder tous les aspects du sujet, le film se disperse. Aussi avec Richard Berry, Samy Frey et Benjamin Biolay.
"Tueurs" de l'ancien truand François Troukens passé à la réalisation (avec Jean-François Hensgens) après vingt ans derrière les barreaux, c'est l'affrontement entre un célèbre braqueur (Olivier Gourmet) et un commissaire opiniâtre (Bouli Lanners). Le polar est noir et nerveux, la mise en images esthétisée. Dommage que le scénario soit trop prévisible.
Enfin, et peut-être surtout, "La Promesse de l'aube" d'Eric Barbier et Marie Eynard, revisite de façon très romanesque le roman de Romain Gary, un des romanciers majeurs du XXème siècle, principalement sous l'angle de l'amour fou qui l'unissait à sa mère. Avec l'inattendue Charlotte Gainsbourg dans le rôle de cette mère possessive et Pierre Niney à nouveau épatant dans le rôle du double littéraire de Romain Gary.
Pierre GERMAY