Nouvelles de Flandre
Metin Arditi, ardent défenseur de la langue française

Le prix littéraire Richelieu de la Francophonie décerné "à un auteur dont la langue maternelle n'est pas le français, pour un ouvrage écrit directement en français, toute traduction étant exclue", a couronné récemment Metin Arditi qui, avec son "Turquetto", nous entraîne de Constantinople à Venise à la suite d'Elie, un petit juif devenu peintre.

Un parcours pluriel

Metin Arditi est né en Turquie. C'est un francophone de l'étranger comme il se définit. "Dans mon pays, le français n'avait aucune place au niveau économique ou politique, pourtant nous étions des dizaines de milliers à le parler. A cette époque, le français flottait sur les rives du Bosphore". Dans la famille Arditi, on parlait le français mais aussi le turc et le ladino c'est-à-dire le castillan du 15ème siècle amené en Turquie par les familles sépharades. "Ma grand-mère qui était analphabète ne parlait que l'espagnol et pas le turc alors que sa famille était en Turquie depuis plus de dix générations".

Comme il parle le français, Metin, âgé seulement de 7 ans, est envoyé dans un collège à Lausanne en Suisse. Après onze ans d'internat où la musique, le théâtre et les livres comblent sa solitude, il décide pourtant d'étudier la physique avant d'entamer un troisième cycle en génie atomique. Après des études dans une école de commerce aux Etats-Unis, il travaille dans un cabinet de consultant. Il fait ensuite fortune dans l'immobilier, avant se consacrer à temps plein à l'écriture.

C'est un homme de grande culture qui connait aussi très bien la musique. Il vit à Genève où il est très engagé dans la vie culturelle et artistique. Il a présidé pendant plus de dix ans, l'Orchestre de la Suisse romande. Il a également cofondé avec Elias Sanbar, historien et essayiste palestinien, la Fondation Les Instruments de la Paix-Genève, qui favorise l'éducation musicale à des enfants de Palestine et d'Israël.

Une personnalité marquée par la langue française

Comme le soulignait, Marie-Noële Charuel, présidente du Richelieu international Europe, Metin Arditi est un homme talentueux à bien des égards "beaucoup de fées se sont penchées sur son berceau: les sciences, l'économie, la musique, les arts, la littérature". Quant à lui, il tient à préciser que le fait d'être francophone a forgé sa personnalité. "J'ai à l'égard de la langue française une reconnaissance qui a une dimension quasi maternelle. Je lui dois infiniment. Je lui dois d'être le peu que je suis et bien évidemment cela motive mes engagements pour la défendre". La francophonie lui tient particulièrement à cœur.

C'est sans conteste ce qui a dû motiver sa critique vis-à-vis du gouvernement français dans la chronique hebdomadaire qu'il tient dans le quotidien La Croix. Dans son article du 9 octobre dernier, il déplorait "l'état d'abandon" dans lequel se trouvent certaines Alliances françaises, notamment à cause des moyens "dérisoires" qui leur sont alloués. "Le président Macron tient des propos vibrants sur la langue française et c'est tant mieux. Il dispose là d'un instrument remarquable: est-ce le moment de l'affaiblir? Voire de le supprimer? (...) On voudrait se tirer dans le pied que l'on ne s'y prendrait pas autrement."

Metin Arditi considère que grâce à la diffusion internationale du français, "des millions de personnes ont été enrichies parce qu'avec cette langue, il y a une transformation de soi mais aussi un héritage exceptionnel". Cet héritage porté par la langue française est celui des Lumières synthétisé par Diderot dans son Encyclopédie et porté par la Révolution française, l'absolue référence dans la lutte pour la liberté. "Quand on hérite d'une langue, on hérite de tout ce qui l'accompagne et de cet héritage je suis très riche!" conclut l'écrivain.


Anne-Françoise COUNET


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