Nouvelles de Flandre
Comment se présenteront les célébrations du bicentenaire de la Belgique?

Dans douze ans, nous vivrons dans l'année 2030 de l'ère chrétienne. Ce millésime devrait vous dire quelque chose... un anniversaire par exemple? Eh bien ce sera - pour autant qu'elle existe toujours en tant qu'Etat-nation, souverain ou non, intégré ou non à l'Europe institutionnelle - le bicentenaire du Royaume, si c'en est toujours un, de Belgique.

Beaucoup d'eau doit avoir coulé sous les ponts de Bruges à Arlon, depuis 188 ans, pour que l'évocation de la préparation d'une célébration du deuxième centenaire de l'Etat belge suscite chez la plupart de nos compatriotes un brin d'étonnement, voire d'incrédulité, et pour certains, d'agacement.

Précédentes célébrations

Oui, les temps ont bien changé! En 1880, pour le premier jubilé du jeune Etat-miracle qu'était alors la Belgique - jugez-en: une nation plutôt petite qui en cinquante ans se hisse au 2e niveau mondial du développement industriel et dont le Souverain, un certain Léopold II, s'apprête à diriger personnellement un dixième du territoire de l'Afrique, du jamais vu! - c'est avec un faste extraordinaire qu'on célébra les 50 ans de la patrie.

La capitale, Bruxelles, s'accrut du jour au lendemain et s'offrit en une décennie ses propres Champs-Elysées, dans le quartier dit du Cinquantenaire... presque flambant neuf, toujours aussi imposant à l'ombre des palais et arcades monumentales du Cinquantenaire. Un quartier de Bruxelles dont le nom est branché même en ce premier quart du troisième millénaire, si branché même qu'il a sa copie en Chine quelque part entre Wenzhou et Shanghai.

Pour le centenaire, rebelote avec un souverain plus prestigieux encore que le précédent, Albert Ier devenu un héros de la première guerre mondiale: Bruxelles s'agrandit encore et aménage un parc d'expositions internationales, ayant hébergé une expo universelle mémorable (1958), exhibant de nos jours le monument classé le plus insolite au monde (l'Atomium) et une ribambelle de "Salons" temporaires à large audience comme le salon de l'auto.

Dans ces deux cas, les pouvoirs publics avaient investi colossalement en infrastructures et services (routes, chemins de fer, bâtiments, télécommunications, embellissement urbain).

Première modération de l'allure pour les 150 ans du pays (en 1980), une guerre mondiale, une crise de régime et un choc pétrolier plus tard: il y a toujours un certain faste, un grand roi respecté (Baudouin) et une petite reprise de l'investissement public mais, cette fois, l'effort financier viendra essentiellement du secteur privé et même de la générosité du petit contribuable qui apporte sa part - la meilleure et la plus grande - à la constitution de ce que l'on appellera la Fondation Roi Baudouin (FRB) pour l'amélioration des conditions de vie des Belges. La fondation et sa finalité humanitaire existent toujours... mais on est désormais loin de la gloriole et des dépenses somptuaires du passé.

"Patrie des Belges" en latin dans le texte

Or, il ne reste plus que douze ans pour se préparer aux célébrations du bicentenaire. Il y en aura-t-il seulement? La question est posée dans un Etat déliquescent gouverné par un parlement et un gouvernement dont la principale composante est un parti séparatiste, vivant dans le repli sur soi et la peur de l'étranger.

Le bicentenaire sera célébré, cela ne fait aucun doute, mais ses promoteurs privés, des volontaires, des indépendants, sortent à peine du bois. Ils se sont présentés à l'occasion de la fête de la Dynastie au palais Bellevue, voisin du palais royal. La presse leur a accordé un - modeste - écho, notamment sous la plume de notre confrère de La Libre Belgique Christian Laporte. Lisons-le.

Certains voient déjà la fin de la Belgique en 2025, quand ce n'est pas carrément en 2019. Mais d'autres lui prédisent un bel avenir. Des descendants des fondateurs du pays, originaires des trois régions et espérant élargir leur assise à la communauté germanophone, ont présenté (...) la fondation "1830-Belgae Patria 2030" qui entend célébrer dignement le bicentenaire de la Belgique.

Précision importante: leur démarche est exclusivement "citoyenne, indépendante, non politisée et soutenue uniquement par des fonds privés".

Et elle devrait le rester même s'ils pensent évidemment que les instances officielles les associeront au futur jubilé. (...) Ils ont expliqué que leur fondation "se veut fédératrice de tous ceux qui pensent qu'au fond la Belgique n'en est qu'à ses débuts". Et c'est pourquoi ils veulent "promouvoir et faire redécouvrir l'histoire des Belges aux Belges et aux Européens".

Concrètement, ils entendent faire de 2030 un nouveau grand temps fort national. Et pour ce faire, ils entendent focaliser leurs efforts sur les générations futures qui tiendront alors les manettes de la société belge. Ils y croient d'autant plus que plusieurs études d'opinion récentes montrent un recul des idées séparatistes, singulièrement auprès des plus jeunes.

Pas question cependant de revenir à la Belgique de Bon-Papa. L'objectif est plutôt de montrer qu'un nouveau vivre ensemble belge est non seulement possible mais qu'il constitue même un grand atout pour inscrire davantage la Belgique fédérale dans l'Europe et dans le nouvel environnement mondial.

Les animateurs de cette fondation privée, conduits par Mme Bénédicte Osy de zegwaart, née Brialmont, annoncent surtout, au delà des vœux et actes de foi, de premiers projets concrets (films, expositions, édition de livres, animations pour jeunes), une campagne de sensibilisation du public et un appel public aux fonds, notamment pour financer des "événements" mais aussi l'érection d'un monument public commémoratif, par exemple sur le site du Cinquantenaire.

On aura tendance à dire: "C'est bien, mais peut mieux faire". Bien sûr on ne pourra pas répéter les fastes du centenaire en 1930 qui en avaient bouché un coin à nos amis français, éblouis et sans doute envieux, pensera-t-on en relisant cet éditorial historique, lyrique, mais aussi chargé d'arrières pensées paternalistes, paru dans L'Illustration datée du 5 juillet 1930:

Après la guerre de 1914, la Belgique faillit succomber, victime de sa générosité et de sa noblesse, qui l'ont parée aux yeux du monde d'une auréole de gloire. Elle est aujourd'hui une grande nation, maîtresse de ses destinées, depuis qu'elle est libérée de cette neutralité qui était pour elle comme le dernier vestige d'une tutelle européenne. Elle joue dans l'histoire contemporaine un rôle prépondérant, et son utile activité ne s'emploie que pour confirmer la paix entre les peuples. Mais dans l'élan sincère qui fait vibrer à l'unisson du sien le cœur des autres puissances, ne doit-elle pas discerner une sympathie plus chaleureuse, celle de la France? La fraternité d'armes de la grande guerre n'a été que l'épanouissement d'une amitié nouée autour du jeune berceau de la liberté nationale (de la Belgique, Ndlr), que nous avons contribué, il y a cent ans, à protéger contre la tourmente.

Tous nos vœux donc à la fondation Belgae Patria.


André BUYSE

Informations: www.1830-2030.be


Copyright © 1998-2018 A.P.F.F.-V.B.F.V. asbl
Secrétariat: Spreeuwenlaan 12, B-8420 De Haan, Belgique
Téléphone: +32 (0)59/23.77.01, Télécopieur: +32 (0)59/23.77.02
Banque: BE89 2100 4334 2985, Courriel: apff@francophonie.be
Site: http://www.francophonie.be/ndf