Un film sur le métier de prof à la rentrée, ça s'impose! Dans "Les grands esprits" d'Olivier Ayache-Vidal, un professeur de français du très réputé Lycée Henri IV à Paris est envoyé en banlieue après avoir trouvé dommage qu'on n'y envoie que des profs sans expérience! Malgré l'excellent Denis Podalydès, le film dégouline de bons sentiments bien trop prévisibles et n'apporte aucun regard neuf sur le sujet.
Autre film à thème, "120 battements par minute", le Grand Prix du Festival de Cannes. Robin Campillo y retrace le combat des militants d'Act Up Paris face aux ravages du sida début des années 90. Film coup de poing qui va du débat public au drame intime d'un couple gay.
Egalement à Cannes, "Redoutable" de Michel Hazana- vicius ("The Artist") démystifie le Jean-Luc Godard de la Nouvelle Vague. Louis Garrel ("Mal de Pierres" de Nicole Garcia) est ce Godard inattendu mais convaincant, un Godard intime et à bout de souffle en mai 68.
Autre monstre du patrimoine culturel français, "Barbara" devient un film, récompensé à Un Certain Regard. L'acteur et réalisateur Mathieu Amalric tente d'y percer la personnalité de l'auteur et interprète de "L'aigle Noir". Jeanne Balibar, filmée avec amour par son ex-mari, est Barbara, saisissante de ressemblance. Dommage que Mathieu Amalric superpose images d'archives et de fiction, et histoires dans l'histoire, au point de s'y perdre.
Evénement de la rentrée, le Festival de Namur s'est ouvert sur "La jeune femme" de Léonor Serraille, Caméra d'Or à Cannes. Cette histoire d'une jeune femme bientôt trentenaire (Laetitia Dosch), de retour à Paris après une longue absence et une rupture récente, sans travail ni amis, met bien en exergue la précarité des jeunes adultes d'aujourd'hui.
Mais le coup de cœur de cette rentrée va sans conteste à "Otez-moi d'un doute" de Carine Tardieu, à La Quinzaine des Réalisateurs. Quelque part en Bretagne, un homme apprend que son père n'est pas son père biologique et décide de retrouver celui-ci. Ce faisant, il s'éprend d'une femme médecin célibataire. Comme lui.
Le sujet lié aux familles recomposées peut sembler difficile mais heureusement, il est abordé avec justesse, entre humour et légèreté. Et puis le couple bien de chez nous, François Damiens - Cécile de France, fonctionne à merveille, lui en colosse au cœur tendre et elle dans un masculin-féminin qui lui va si bien.
Pierre GERMAY