Nouvelles de Flandre
Cinéma: Cannes 2017, Palm'Odovar!

S'il y a bien une palme qui aurait pu être décernée cette année, c'est celle du meilleur jury! Présidé par Pedro Almodovar, le jury a pour une fois dévoilé un palmarès beau et juste là où, l'an passé encore, en décernant sa palme au vieux Ken Loach, le jury, de George Miller, était passé à côté de films susceptibles de figurer tellement mieux ce que sera le cinéma de demain.

Le jury d'Almodovar a donc décerné sa Palme d'Or au Suédois "The Square" de Ruben Östlund qui ironise avec délice sur les outrances de l'art contemporain et les ambiguïtés de la dictature du bien, nous montrant combien, à force de s'en tenir aux valeurs matérielles, parfois sans véritable valeur, on passe à côté des valeurs humaines, les seules vraies.

Et quand le jury du 70e anniversaire du Festival accorde ses prix d'interprétation à Diane Krüger pour "In the fade" de Fatih Akin (la dénonciation d'un terrorisme qui secoue et émeut), et à Joaquim Phoenix pour "You were never really here" de Lynne Ramsay (la détermination d'un vétéran brutal et torturé à libérer une gamine d'un réseau de pédophilie), il fait l'unanimité tant ces deux comédiens impressionnent par une présence physique et corporelle tellement plus forte que bien des mots.

Et les films français en compétition? Si la presse hexagonale leur aurait volontiers décerné la palme et les prix d'interprétation, le jury n'a retenu que le seul "120 pulsations minutes" de Robin Campillo (le combat des militants d'Act Up Paris face aux ravages du sida début des années 90), un film coup de poing auquel il a attribué son Grand Prix.

Il n'a en tout cas pas retenu "L'amant double", le thriller érotique, vrai magma psychanalytique de François Ozon, avec notre Jérémie Renier et la jeune et jolie Marine Vacth, tous deux excellents malgré tout.

Et Louis Garrel, le "Redoutable" Godard de Michel Hazanavicius? Il campe sobrement un Godard intime et... à bout de souffle en mai 68, ne lui empruntant qu'un minimum de signes distinctifs, sa calvitie, ses lunettes fumées et son chuintement.

Quant à l'Auguste Vincent "Rodin" Lindon, dans le film de Jacques Doillon, il en fait des tonnes tout en marmonnant dans sa barbe de huit mois des dialogues souvent inaudibles.

Un Lindon totalement investi dans son rôle de sculpteur en plein processus de création, mais aussi de gardien de la conscience du cinéma français dans son discours du 70e anniversaire du Festival!


Pierre GERMAY


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