Quand fiction et réalité se rejoignent, ça donne d'abord trois coups de cœur.

Ainsi, il y a "Rock'n roll" de Guillaume Canet. L'acteur-réalisateur s'y livre à une introspection de l'homme en pleine crise de la quarantaine, plus vraiment sexy, plus vraiment... rock'n roll, le tout en totale autodérision! Quelle audace, quel bonheur. Et que dire, dans leurs propres rôles, de sa compagne, Marion Cotillard, se prenant pour Céline Dion, et de son copain, Johnny Hallyday, allumant le feu: un régal!

Egalement sur le ton de la comédie, il y a aussi "Monsieur et Madame Adelman", la première réalisation de Nicolas Bedos. Cette histoire d'un couple sur quarante-cinq ans d'une vie pleine de passion, de doutes et de secrets, racontée sur un ton délicieusement caustique, il l'a écrite avec sa partenaire à l'écran (et à la vie), Doria Tillier. "C'est un hommage aux grands amoureux, aux femmes" a confié le fils de Guy Bedos au Festival du Film d'Amour de Mons. "Je suis un homme qui serait mort si je n'avais pas rencontré de femmes".

Il y a enfin, dans un tout autre registre, "Noces" de Stephan Streker (le chroniqueur foot de La Tribune, à la rtbf): inspiré de l'affaire Sadia Sheikh, le film conte l'histoire d'une belgo-pakistanaise de dix-huit ans, aux aspirations occidentales, mais à qui sa famille impose un mariage traditionnel. La tragédie de l'immigration vue comme une tragédie grecque, c'est un cinéma d'auteur qui va à la rencontre du grand public. Avec la découverte d'une superbe actrice, Lina El Arabi.

Par ailleurs, que penser de "Chez nous", le film de Lucas Belvaux qui a irrité les pontes du FN avant même sa sortie? Une infirmière à domicile, sans histoire, ni de gauche ni de droite, se laisse convaincre par le toubib local, militant d'un parti très à droite, de se présenter aux prochaines élections municipales. Ici, pas de Front National ni de Marine Le Pen mais leur double de cinéma. Le cinéaste belge met en garde contre toute forme de populisme. Mais y arrive-t-il vraiment? Emilie Dequenne, d'une humanité naturelle, et André Dussollier, cynique à souhait, y sont impeccables.

Un dernier mot sur "Patients" de Grand Corps Malade: le slameur français y retrace son année de rééducation après l'accident qui l'avait laissé en fauteuil roulant avant de retrouver l'usage de ses jambes. D'un optimisme à toute épreuve: quelle belle leçon de vie et de courage.

Pierre GERMAY