Nouvelles de Flandre
Cinéma francophone de la rentrée: Entre déception et enthousiasme

"La fille inconnue" de Luc et Jean-Pierre Dardenne a ouvert le Festival de Namur, le 30 septembre dernier. Une femme médecin (Adèle Haenen) culpabilise pour avoir refusé d'ouvrir la porte de son cabinet à une jeune fille qu'on retrouve morte, sans aucun papier d'identité. On a un peu du mal à croire tant en cette jeune femme médecin qu'à l'enquête qu'elle mène pour éclaircir ce mystère. Peut-être se lasse-t-on d'un cinéma des frères qui ne se renouvelle guère.

Autre déception, "Cézanne et moi" de Danièle Thompson, l'histoire d'amitié et de rivalité entre Paul Cézanne et Émile Zola. Avec les deux Guillaume, Galienne et Canet, dans la peau de ces deux légendes qui ont révolutionné leur art et leur époque. Malgré leur performance d'acteurs, le résultat est académique, presque scolaire.

Déception encore avec "Juste la fin du monde". Xavier Dolan y filme l'explosion de sentiments exacerbés dans un huis clos familial étouffant, fait de plans serrés et de dialogues artificiels, proches du théâtre filmé. Le cinéaste canadien a reçu le Grand Prix du Festival de Cannes.

Dès lors, allez plutôt voir "Eternité" de Tran Anh Hung ("L'odeur de la papaye verte"). Difficile de résumer un film plutôt contemplatif, sans véritable histoire mais tellement envoûtant. En l'espace d'un siècle, des hommes et des femmes se rencontrent, s'aiment, s'étreignent. Ils accomplissent leurs destinées amoureuses et établissent une généalogie, une éternité... Avec Audrey Tautou, Bérénice Bejo, Mélanie Laurent et Jérémie Renier.

Ou "Le fils de Jean" de Philippe Lioret ("Welcome"). Avec Pierre Deladonchamps et Gabriel Arcand. À trente-cinq ans, Mathieu ne sait pas qui est son père. Un matin, un appel téléphonique lui apprend qu'il était canadien et qu'il vient de mourir... Entre portrait de famille et film à suspense.

Mais surtout "Frantz" de François Ozon ("Huit femmes", "Potiche"). Peu après la Première Guerre mondiale, dans une petite ville allemande, Anna (Paula Beer, révélation du film) se rend sur la tombe de son fiancé Frantz, tué au front, en France. Elle y croise un jeune Français étrange (Pierre Niney) qui dit avoir connu Frantz, à Paris. Dans un noir et blanc proche du "Ruban blanc" de Haneke, Ozon parle de ces jeunes morts à la guerre sans comprendre pourquoi, mais aussi du mensonge qu'il filme en couleurs, l'espace de l'une ou l'autre scène. Fort et interpellant.


Pierre GERMAY


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