Nouvelles de Flandre
Cinéma: Cannes, un cinéma d'hier plutôt que de demain: quel dommage!

Dans les colonnes du quotidien "Le Figaro", au lendemain de sa projection en compétition, "La fille inconnue" de Luc et Jean-Pierre Dardenne avait "le goût d'un café d'autoroute" (sic)!

Il est vrai que cette histoire d'une jeune femme médecin (Adèle Haenen) qui culpabilise pour avoir refusé un soir d'ouvrir sa porte à une jeune fille qu'on retrouve ensuite morte n'a pas convaincu grand monde. Comme si le cinéma des frères était devenu prévisible, presque mécanique et partant, sans âme ni émotion. Dur dur.

Mais alors, pourquoi décerner la Palme d'or à "Moi, Daniel Blake" du vieux Ken Loach, qui n'apporte rien de neuf non plus sur le plan cinématographique? Serait-ce son plaidoyer anti néolibéralisme qui aurait influencé le jury à la veille du referendum sur l'Europe en Grande-Bretagne?

Quand on voit le prix de la mise en scène attribué au "Client" d'Asghar Farhadi, et le prix du meilleur acteur à son héros, Shaheb Hosseini, on peut s'inquiéter de cette dérive politique: suffirait-il d'être Iranien et de pouvoir venir présenter son film sur la Croisette (ce qui ne fut pas toujours le cas dans un passé encore récent) pour recevoir un prix?

Et que penser du prix de la mise en scène attribué à "Personal Shopper", le film fantomatique d'Olivier Assayas, aux effets spéciaux risibles, hué en projection de presse? Un film français tourné en anglais: toujours ce satané prétexte d'une commercialisation internationale avec star américaine, Kristen Stewart. 

Côté cinéma francophone, on notera le Grand Prix décerné au prodige canadien Xavier Dolan. "Juste la fin du monde", adapté de la pièce du dramaturge français Jean-Luc Lagarce, filme l'explosion de sentiments exacerbés dans un huis clos familial étouffant, aux dialogues parfois artificiels, proches du théâtre filmé.

Ce sont en fait tous les films français sélectionnés qui ont déçu: comme "Mal de Pierres" de Nicole Garcia, classique mais froid (avec Marion Cotillard) ou "Rester vertical" d'Alain Guiraudie, une histoire chargée de sexualité bien peu crédible. Seul le burlesque "Ma Loute" de Bruno Dumont avec Luchini et Binoche en bourgeois décadents, a trouvé grâce aux yeux des festivaliers... mais pas aux yeux du jury présidé par George Miller ("Mad Max"). Dommage car le Festival de Cannes devrait davantage être la vitrine d'un cinéma inventif et audacieux.


Pierre GERMAY


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