Nouvelles de Flandre
Missembourg, à la croisée des arts

Les Archives & Musée de la Littérature (AML) accueillent jusqu'au 31 octobre une attachante exposition proposant un regard neuf, varié et inattendu sur le domaine qui a vu naître les oeuvres de Marie Gevers et Paul Willems.

Missembourg, vaste demeure abritée de grands arbres, au bord d'un étang enchanta Marie Gevers. Elle y passa sa vie entière, comme après elle, son fils Paul Willems. Ecrin d'une vie simple à l'écoute des lois du Temps-qui-passe et du Temps-qu'il-fait, le domaine inspira des pages les plus vibrantes de nos lettres belges de langue française. Mais on ignore souvent - et c'est la découverte de cette exposition - que Missembourg hébergeait d'autres muses.

Des talents insoupçonnés

La redécouverte récente, par Jan Willems, d'aquarelles de sa grand-mère Marie Gevers, ne révèle pas seulement un talent méconnu de la romancière de Madame Orpha. Elle crée un effet de miroir inattendu avec les paysages de son mari, le peintre Frans Willems.

Tandis que les mots et les images échangés par le couple

recomposent les enchantements de leur domaine anversois, une facette largement inédite du talent de Frans Willems impose à ce chant bucolique, un contrepoint bouleversant. Il s'agit des œuvres de guerre composées par ce dernier pendant son exil hollandais. Ses projets de vitraux censurés, exposés à titre exceptionnel, interpellent intensément.

Ces œuvres censurées pour leur virulence sans fard soulignent combien l'harmonie de Missembourg procéda non du miracle mais d'une quête volontariste dont l'exigence fut soutenue par des artistes éclairés comme Max Elskamp, Constant Montald ou James Ensor comme en témoignent les lettres échangées que le visiteur déchiffre non sans émotion.

Paul Willems, on le sait, reprendra le flambeau scriptural maternel. Par contre, la collaboration de sa sœur Antoinette aux ouvrages de leur mère est davantage restée dans l'ombre. Autre découverte de l'exposition, les illustrations de la jeune femme ouvrant sur l'évocation de quelques illustrateurs dont le talent rehaussa de façon originale les recueils de la "paysanne" académicienne.

Quant aux transpositions musicales inspirées par les chansons et comptines de Marie Gevers, elles rappellent que la musique, et notablement le piano, prenaient une part significative dans la conjuration d'art fomentée au sein du domaine.

Une exposition subtile et intelligente dont la visite (guidée pour les groupes qui en feront préalablement la demande) est agrémentée d'un très beau film documentaire. L'occasion de (re)découvrir La Belgique littéraire, l'immense tableau de Paul Delvaux.


Anne-Françoise COUNET

Informations: www.aml-cfwb.be


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