Nouvelles de Flandre
Jan Baetens, un poète flamand amoureux du français

En mai, c'est Jan Baetens qui s'est prêté à la formule des "diners littéraires bruxellois", un concept créé par la Maison de la Francité. L'occasion de découvrir un personnage au parcours atypique mais néanmoins cohérent.

Jan Baetens est peut-être le dernier poète flamand d'expression française. Professeur à l'Université Catholique de Leuven, il est l'auteur de nombreux ouvrages d'analyse et de critique littéraire. Ses recherches qui, au début, portaient sur la littérature contemporaine, se sont étendues peu à peu à l'analyse des rapports entre texte et image, très souvent dans ses formes les plus populaires: bande dessinée et roman-photo.

Il a reçu le Prix triennal de poésie 2007 de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour son recueil Cent fois sur le métier et en 2015, l'Association des écrivains belges de langue française lui a décerné le Prix Elie Rodenbach qui couronne l'œuvre du meilleur poète flamand d'expression française.

Flamand parmi les francophones

Jan Baetens codirige la revue Formules, la revue des littératures à contraintes. Une forme de littérature qu'il pratique et défend. A ses yeux, la littérature ne doit pas servir à l'expression de soi ou à reproduire, documenter un reflet de la société. Il s'agit plutôt de faire confiance à l'inspiration qui surgit d'autant mieux lorsqu'on est contraint à suivre des règles librement choisies, originales et pas trop faciles. Pour Jan Baetens, l'amour de la contrainte a signifié l'abandon de la langue maternelle et l'adoption d'une langue étrangère. Il n'écrit pas en français que pour la contrainte mais, avant tout, par amour pour cette langue.

Lorsque tardivement (à la quarantaine), il arrive à l'écriture, il fait le choix du français pour le français mais aussi contre le néerlandais. Pour lui, le français possède une réelle et très forte dimension affective qui s'explique par ce qu'il appelle "un Hiroshima linguistique" vécu à l'âge de 12 ans. "Je ne parlais que le patois, à la maison mais aussi à l'école. Quand j'ai quitté mon village pour entrer à l'école secondaire, j'ai été brusquement et brutalement confronté à la campagne de promotion du néerlandais standard (ABN). Soudain, on devait parler la langue hollandaise et cela m'a tellement dégoûté et traumatisé que je me suis tourné vers le français", explique-t-il. Le français lui donne accès à une communauté littéraire et via ces textes, à une culture qu'il dit "idolâtrer".

Jan Baetens un homme à double casquette, à la fois professeur d'université flamand et poète francophone. Un statut d'autant plus facile à porter, selon lui, que sa création littéraire en français est totalement ignorée en Flandre. "Je mène une double vie". Combiner un vrai métier et l'écriture lui paraît nécessaire et complémentaire. "Tous les poètes devraient être des poètes du dimanche, des poètes non professionnels."


Anne-Françoise COUNET

Informations: www.maisondelafrancite.be


Copyright © 1998-2016 A.P.F.F.-V.B.F.V. asbl
Secrétariat: Spreeuwenlaan 12, B-8420 De Haan, Belgique
Téléphone: +32 (0)59/23.77.01, Télécopieur: +32 (0)59/23.77.02
Banque: BE89 2100 4334 2985, Courriel: apff@francophonie.be
Site: http://www.francophonie.be/ndf