Pour son quatrième long métrage, "Les premiers, les derniers" Bouli Lanners suit deux chasseurs de prime (Albert Dupontel et lui-même) qui croisent un couple en cavale et deux vieillards (Michael Lonsdale et Max von Sidow, rien de moins!). Dans une ville et un décor de fin du monde, ce western contemporain est d'une étonnante humanité: ces hommes seraient-ils les derniers? Et sont-ils si différents des premiers?

Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde (son double belge?) partagent l'affiche de "Saint Amour" de Gustave Kerven et Benoît Delépine. Le premier, agriculteur, initie le second, son fils, à la route des vins qu'ils font en taxi après l'avoir faite à la foire agricole, de stand en stand! Si ce "Saint Amour" fait craindre un ennuyeux voyage façon Poelvoorde bourré, il se bonifie par la grâce d'un duo d'acteurs riches et voluptueux, offrant tendresse et chaleur humaine... en fin de bouche.

"Les Innocentes" d'Anne Fontaine, avec Lou De Laâge saisissante dans le rôle d'une infirmière française aidant des religieuses polonaises violées par des soldats russes à la libération en 45, est tiré de faits réels. Dans un décor et une lumière austères, le film souligne les crimes d'hommes barbares avant de se refermer sur une fin inattendue pleine d'humanité.

Dans "Médecin de Campagne" de Thomas Lilti, François Cluzet investit un médecin généraliste qui, atteint d'une tumeur au cerveau, se voit imposer une jeune consœur, Marianne Denicourt, censée l'aider. Thomas Lilty ("Hippocrate") lui-même médecin, on comprend à quel point son regard sur ce sacerdoce du médecin de campagne est juste et humain.

Enfin, "Eperdument" de Pierre Godeau. On a déjà vu des histoires de prof amoureux d'un élève ("Mourir d'aimer" avec Annie Giradot ou "Noces blanches" avec Bruno Cremer et Vanessa Paradis), voici à présent un directeur de prison qui, quoique marié et père d'une fillette modèle (qui danse tel un petit rat de l'Opéra pour le spectacle de son école), s'éprend... éperdument (au cas où vous n'auriez pas fait le lien avec le titre!) d'une jeune détenue de son pénitencier. On se demande pour qui est la pénitence! Guillaume Galienne ("...A table...") peine à nous faire croire qu'il est le directeur d'une prison tant il parle comme s'il marchait avec des hauts talons; et Adèle Exarchopoulos, toute en sensualité brute, peine à tourner la page de la "La vie d'Adèle".

Pierre GERMAY