Les frères Dardenne enfin récompensés aux Magritte (meilleur réalisateur et meilleur film pour "Deux jours, une nuit"), aucun Belge au palmarès des César, mais "Timbuktu" d'Abderrahmane Sissako, le grand oublié du dernier Festival de Cannes, récompensé par trois des statuettes les plus convoitées (meilleurs film, réalisateur et scénario) pour sa dénonciation des crimes perpétrés par une poignée de djihadistes faisant régner la terreur à Tombouctou pendant la guerre du Mali (ou quand fiction et réalité, malheu-reusement, ne font qu'un), voilà résumée l'actualité des prix décernés dans le cinéma francophone en février comme chaque année.

Sinon, l'actualité du cinéma francophone n'a rien d'extra-ordinaire en ces premiers mois de 2015.

Ainsi, "L'art de la fugue" de Brice Cauvin, une comédie retraçant l'histoire de trois frères en pleine confusion amoureuse au moment de faire le choix de la bonne partenaire; à moins qu'ils ne cherchent à échapper à leurs responsabilités, d'où le titre du film. Avec Laurent Lafitte, Agnès Jaoui, Bruno Putzulu et Marie Christine Barrault. Le film se perd dans une quantité de personnages et de situations qui empêche de vraiment s'attacher à l'un d'eux.

De même, Jean-Jacques Annaud et son "Le dernier loup" déçoit. Il renoue avec un cinéma d'aventures: en Mongolie en pleine révolution culturelle chinoise, les nomades sont forcés par le gouvernement d'exterminer les loups auxquels ils vouent pourtant un très grand respect. Les paysages sont grandioses mais le récit, tourné en français (!), est lourd et pesant, notamment dans son message écolo.

"Le dernier coup de marteau" d'Alix Delaporte ("Angèle et Tony"), avec Romain Paul et Clothilde Hesme et Grégory Gadebois est, par contre, une bonne surprise. On y suit Victor, un jeune garçon à la croisée des chemins... et à la recherche de son père, chef d'orchestre renommé. Poignant, pudique et délicat.

Enfin, "L'enquête" de Vincent Garencq, nous plonge dans les méandres de la fameuse affaire Clearstream, ou comment des frégates françaises ont été vendues à Taïwan pour le double du prix annoncé... Avec un Gilles Lellouche convaincant en journaliste d'investigation. Soit un scénario qui nous ramène à des magouilles comme notre actualité nous en propose aujourd'hui encore. Bref, là aussi, la fiction rejoint la réalité de notre monde pourri.

Pierre GERMAY