Nouvelles de Flandre
Les dix mots de la langue française 2015 dans le fief saint-gillois du ministre Picqué: un remue-méninge original

 "Mots-bilisation générale", "singe-île des mots", "atelier S'lâme fait du bien", "Grisaille-Crise Aïe!": les animateurs culturels de la commune de Saint-Gilles-lez-Bruxelles, promue "ville des mots" dans le cadre du festival "La langue française en fête" mis en place par l'OIF un peu partout dans le monde francophone, se sont démenés comme de beaux diables pour trouver des jeux de mots insolites et un peu faciles, mais correspondant bien à la mentalité cosmopolite de cette commune dont le bourgmestre en titre n'est autre que Charles Picqué, président de l'assemblée parlementaire de Bruxelles-Capitale.

Donc, "bravo" (puisque c'est là l'un des dix mots de la langue française 2015) pour l'effort de remue-méninges fourni par les responsables de cette commune populaire, qui figure parmi celles comportant la plus importante proportion de citoyens issus de l'immigration.

Mais nos félicitations n'iront pas beaucoup plus loin car le programme général des manifestations saint-gilloises sur le thème de la langue française en fête ne fut pas particulièrement fourni ni attractif pour les "foules", du moins celles qui étaient étrangères à la "Cité de la Porteuse d'eau", comme on appelle aussi le fief du ministre d'Etat Picqué.

Si la participation des "villes des mots" wallonnes fut ces dernières années plutôt maigrichonne (Charleroi, Soignies, Mouscron, à l'exception toutefois de la remarquable prestation de la ville de Verviers en 2011), Saint-Gilles n'a pas échappé à la règle de l'austérité et la célébration du thème des dix mots y fut particulièrement modeste, confinée à quelques lieux culturels sans prestige... et sans grande fréquentation.

L'ouverture des festivités donna lieu le 14 mars à un grand spectacle, certes original (à mi-chemin entre le rap et la chorégraphie sous musique électronique) mais ne se référant ni à la promotion ni à la pratique de la langue française, ce qui pourrait expliquer l'absence des grandes pointures attendues (Rudy Demotte, Charles Picqué, Rudi Vervoort, Philippe Suinen), à l'exception toutefois de la nouvelle administratrice générale de l'Awex-WBI, Pascale Delcomminette, qui a prononcé un discours de circonstances dans une belle langue épurée et lumineuse, éloignée des poncifs politiques habituels.

Cela étant, quelques expos intéressantes sur "les dix mots" avaient trouvé place au Centre culturel communal Jacques Franck, avec pour titre: "Des mots sur un visage" (paroles et chansons d'artistes francophones), "La grande évasion par les mots" (témoignage de détenus, sujet assez logique sachant que la commune héberge l'une des plus importantes prisons du pays) et "Des mots pour le voir" (des mots sous installations lumineuses, poétiques et ludiques).

Les "dix mots" définis cette année par célébrer le français étaient tous, rappelons-le, des mots d'origines étrangères, dont deux proposés par la Belgique: "kermesse" et "kitsch". Les autres étaient: amalgame, bravo, cibler, gri-gri, inuit, sérenpidité, wiki, zénitude. Difficile de raconter une histoire courte avec vocabulaire aussi hétéroclite. Les exposants saint-gillois ne s'y sont d'ailleurs pas risqué.

 

André BUYSE


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