Nouvelles de Flandre
Gand, capitale du Royaume de France mars-juillet 1815

Le 1er mars 1815, décidément trop à l'étroit dans son petit royaume de l'Ile d'Elbe que lui ont concédé les Alliés après sa chute l'année précédente, Napoléon débarque à Golfe Juan. Commence alors, selon la propre expression de l'Empereur, le vol de l'Aigle qui va, de clocher en clocher, le conduire jusqu'aux tours de Notre Dame à Paris, le 20 mars, où il retrouve son bureau du Palais des Tuileries.

La veille, le 19 mars, le Roi Louis XVIII, abandonné progressivement par tous ceux qui lui avaient juré fidélité, comme le Maréchal Ney qui lui promettait de ramener le monstre dans une cage de fer et qui va se rallier à "son" Empereur, prend à nouveau le chemin de l'exil, évitant ainsi à la France une guerre civile inutile et fratricide.

Il trouve refuge à Gand, ville francophile, alors incluse dans le Royaume des Pays-Bas, où l'hospitalité lui est accordée par le Comte Jean-Baptiste d'Hane-Steenhuyse qui l'installe dans son hôtel particulier éponyme. C'est là que le Roi va organiser et diriger le gouvernement royal en exil, faisant ainsi de Gand, la capitale du Royaume de France. Même en format réduit, la Cour y est reconstituée, à la faveur de l'aisance des lieux, et un gouvernement formé avec Blacas à la Maison du Roi, Beugnot à la Marine, Feltre à la Guerre, Lally à l'Instruction publique, Jaucourt aux Affaires étrangères pour assurer l'intérim de Talleyrand qui est resté au Congrès de Vienne car peu enclin à rejoindre ce qu'il appelle alors "la petite réunion de Gand" et surtout Chateaubriand, en dépit de la mauvaise opinion de Louis XVIII à son égard et de son propre doute lui faisant dire que le gouvernement royal est "un vestiaire derrière les coulisses du spectacle ouvert à Paris".

C'est peu de dire en effet que le Roi manque de moyens pour maintenir son autorité. La Maison militaire qui avait eu de la peine à le suivre sur les routes du Nord a été dissoute par le Comte d'Artois et il ne lui reste seulement qu'une garde, parmi laquelle servent notamment Alphonse de Lamartine et Alfred de Vigny, et une petite armée commandée par le Duc de Berry qui prend ses quartiers à Alost et ne sera engagée dans aucun combat. Les moyens financiers lui sont également comptés: si le Roi a pu emmener avec lui les joyaux de la Couronne, d'une valeur de plusieurs millions de livres, les réserves de monnaie qu'il avait également emportées s'épuisent vite et c'est l'Angleterre qui frappe les monnaies de vingt francs pour subvenir aux besoins du gouvernement en exil, le rendant ainsi complètement dépendant de la Monarchie britannique. Et encore celle-ci est elle le seul soutien extérieur du Roi car si toutes les Puissances, réunies au Congrès de Vienne, se sont coalisées contre le retour de Napoléon, aucune autre ne croit sérieusement à la capacité des Bourbons à remonter sur le trône, leur préférant de plus en plus leur cousin Orléans.

Mais la force de Louis XVIII réside dans son calme, certain de son retour prochain en France, lui valant le surnom de "Notre Père de Gand". Lors d'un entretien avec Guizot, ce dernier est impressionné par "l'attitude et le regard de ce vieillard, immobile et comme cloué dans son fauteuil, une sérénité hautaine et, au milieu de sa faiblesse, une confiance tranquille dans la force de son nom et son droit".

De fait, les évènements vont lui donner raison. Les Cent-Jours s'achèvent avec la seconde abdication de Napoléon consécutive à la défaite de Waterloo le 18 juin 1815. Malgré la réticence des Alliés mais grâce à l'appui de Fouché et de Talleyrand, le Roi rentre en France le 25 juin. Il souhaite parvenir à Paris le premier mais l'insurrection royaliste qu'il a suscité dans la capitale tourne court et il y arrive finalement le 8 juillet après les Anglais, qui lui font ainsi durement payer leur soutien, le condamnant pour longtemps au reproche d'être rentré "dans les fourgons de l'étranger". Le Général de Gaulle retiendra la leçon en 1944!

Bicentenaire des Cent-Jours

Ainsi s'achève, il y a deux cents ans, une période mal connue de notre Histoire où s'est joué, en Belgique, le destin de la France et, au-delà, celui de l'Europe.

Pour le bicentenaire de ces évènements, l'Institut d'histoire des monarchies, organise, le 9 mai 2015 à Gand, un colloque intitulé "Gand, capitale du Royaume de France mars-juillet 1815".


Patrice VERMEULEN

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