Nouvelles de Flandre
Les 43e assises de l'UPF ne furent pas un long fleuve tranquille…

Malgré les obstacles et contraintes structurels et ponctuels qui surviennent dans le cadre de la préparation de ses "assises", terme traditionnellement préféré par les organisateurs à celui de "congrès", qui pourtant est son synonyme, l'Union internationale de la presse francophone (UPF) a tenu sa 43e "grand-messe" (voilà un mot que tout le monde comprend!) dans les règles de l'art, la sérénité et l'indépendance, fin novembre dernier à Dakar. Ce qui ne veut pas dire qu'elle fut un long fleuve tranquille.

Parmi les freins structurels, il y a comme chaque année les problèmes financiers, politiques ou les deux à la fois, pour nombre de journalistes francophones issus de pays africains parmi les plus démunis de la planète. Mais, pour ces 43e assises, les contraintes ponctuelles étaient prépondérantes: grande instabilité politique tant en Afrique du nord que subsahélienne, menaces latentes ou larvées des groupes terroristes islamiques (Djihad, Aqmi, Al Qaeda), coups d'état et régimes dictatoriaux (Mali, Burkina Faso, RDC, etc), persistance de la crise économique et financière et bien sûr l'ombre de la menace de la pandémie Ebola, qui heureusement a épargné Dakar grâce à une prévention sanitaire efficace.

Eh bien, malgré cela, ces assises ont rassemblé 300 membres, parmi les 2.500 que l'UPF affiche dans ses trente-cinq sections nationales. Mais on ne peut pas dire pour autant que le choix du thème fut le plus judicieux ni ne passionna les foules: "Jeunes et médias": rien de plus banal et conventionnel, une problématique qui touche du nord au sud tous les pays de la planète sans exception, ceux dont la langue est à diffusion limitée comme ceux dont elle est à diffusion internationale (anglais, chinois, arabe, français, espagnol). Il s'agit ici, dans le contexte de la mondialisation, d'un phénomène universel dont l'approche ne peut être circonscrite à une seule langue, fût-elle à vocation universelle comme le français.

Des élections

C'est pourquoi, une fois n'est pas coutume, nous commençons notre analyse par la fin, c'est-à-dire par le résultat des élections pour le renouvellement des structures de direction et de gestion de cette UPF, instance née en 1950 qui est la plus ancienne association francophone de journalistes, créée vingt ans avant l'OIF même!

Première élection d'importance: un nouveau président international a été nommé en la personne de M. Madiambal Diagne, directeur du groupe de médias sénégalais Avenir Communication. Le secrétaire international actuel Jean Kouchner est renouvelé à son poste. Il est assisté au comité international par Jean Miot, président de la section de France, Robert Bihina, journaliste camerounais, et Jean-Pierre Miollet, un représentant de la section suisse. Une femme - enfin! pensera-t-on -, est élue secrétaire générale adjointe: Khadija Ridouane (Maroc). Le trésorier international sortant, le Valdôtain François Stévenin, est confirmé à son poste et est assisté de Hervé Deville, trésorier adjoint (section de France).

Des déclarations

Pour le fond, retenons, dans le cadre de ces assises, des déclarations des deux grandes chevilles ouvrières de "l'UPF en refondation", comme ils aiment la redéfinir, Jean Kouchner et Abdelmounaim Dilami.

Du premier: "On ne naît pas journaliste, on le devient par différents biais (...) La réalité aujourd'hui est qu'il y a des gens, les blogueurs, qui mettent en scène l'information différemment (...) On ne peut pas opposer un grand journaliste sorti d'une grande école et un petit journaliste qui aurait la prétention de mettre de l'information sur un blog (...) Il nous semble nécessaire que les Etats interviennent de près au développement de l'information sur internet et que les médias numériques aient les moyens nécessaires pour faire place aux enjeux (...) Il faut soutenir la fabrication des contenus avec le souci du respect de l'indépendance des médias".

Du second, cette déclaration plus cassante, mais assez courageuse: "Pour l'instant dans mon pays, le Maroc, 92% des parents pensent que le français est la langue de l'ascension sociale. Mais l'élite et une partie des classes moyennes ont commencé à parier sur l'anglais (...) Mais je vois que les Français se désintéressent [de leur langue]. J'aimerais tant que la francophonie de France soit aussi dynamique que celle des Africains qui réinventent la poésie de la langue française".

C'est sans doute cela la vraie leçon-avertissement de ces 43e assises: le centre de gravité de la francophonie n'est plus dans l'Hexagone, il est quelque part entre Montréal et Antanarivo (siège en 2016 du 16e Sommet de la Francophonie), en passant par Alger (non membre de l'OIF!) et Liège (siège en 2015 du 2e Forum mondial de la langue française).

 

André BUYSE

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