Alors que le 29e Festival du Film Francophone de Namur ouvre le vendredi 3 octobre avec "Tokyo Fiancée" de Stefan Liberski, frappons les trois coups de la rentrée.
Il y a d'abord "3 Cœurs" de Benoît Jacquot. Dans une ville de province, un soir, alors qu'il vient de manquer son train pour Paris, Marc (Benoît Poelvoorde) rencontre Sylvie (Charlotte Gainsbourg). Ils parlent de tout et de rien et se donnent rendez-vous à Paris. Mais Marc rate ce rendez-vous. Puis il rencontre Sophie (Chiara Mastroianni), qu'il épouse sans savoir qu'elle est la sœur de Sylvie.
Dans la peau de ce type introverti à en devenir inquiétant, on devine Benoît Poelvoorde proche de son propre mal-être, rongé de l'intérieur par de fortes pulsions. Quant à Catherine Deneuve, tout en non-dits, elle campe sobrement une maman qui devine le tourment de son beau-fils et le drame qui se profile.
Ensuite, avec "Gemma Bovery", Anne Fontaine propose une fantaisie tout en clin d'œil à Madame Bovary de Flaubert. Charles Bovery, un artisan anglais, et Gemma, sa jeune épouse, débarquent dans un cottage normand. Le voisin d'en face, le boulanger du village, ne manque pas de relever le parallèle avec le couple de Charles et Emma dans l'œuvre de Flaubert. Ce qui éveille en lui des pensées libertines pour sa jeune voisine, tandis que celle-ci se laisse séduire par un jeune parisien en vacances.
Cette fantaisie sur l'œuvre de Flaubert est savoureuse. Non seulement Fabrice Luchini est parfait en prétendant facétieux et improbable, mais Gemma Arterton, découverte il y a quatre ans dans "Tamara Dreewe" de Stephen Frears, débordante de sensualité naturelle, est adorable. Un vrai moment de bonheur qui donne envie de relire Flaubert!
Enfin, "Hippocrate" de Thomas Lilti, nous plonge avec justesse (il est lui-même médecin de formation) dans l'univers d'un hôpital public. Benjamin, un jeune interne plein d'avenir, est pourtant confronté, dès son premier stage dans le service de papa, à la dure réalité d'une responsabilité écrasante. Avec Vincent Lacoste et Jacques Gamblin.
Epinglons aussi "Party Girl", de Samuel Theis, caméra d'or à Cannes (prix récompensant un premier long métrage). C'est le portrait romanesque d'Angélique (la propre mère du réalisateur), une entraîneuse de bar qui hésite entre accepter la demande en mariage d'un client et rester avec les copines malgré ses 60 ans.
Pierre GERMAY