Si c'est Josiane Balasko qui a été cette année l'invitée coup de cœur du Festival International du Film Francophone de Namur, c'est la Palme d'Or de Cannes en mai dernier, "La vie d'Adèle, chapitre 1 & 2" d'Abdellatif Kechiche, qui en a fait l'ouverture le vendredi 27 septembre dernier, avant de sortir en salles.

L'histoire passionnelle d'un amour lesbien entre deux jeunes filles filmées au plus près des corps et des visages, de façon très sensuelle, trois heures durant, ne manque pas d'audace. Et quelque soit le sexe des protagonistes, Kechiche filme toutes les étapes d'une histoire d'amour, de la passion à la rupture en passant par les doutes et les trahisons. Le tout en nous offrant un magnifique duo d'actrices, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux.

Autre parfum de Cannes à Namur avec deux films très remarqués à la Quinzaine des Réalisateurs: "Henri", le premier film de Yolande Moreau derrière la caméra (l'histoire d'une handicapée mentale légère engagée dans un restaurant suite au décès de l'épouse du patron).

Et l'excellent "Les Garçons et Guillaume: à table!" de Guillaume Gallienne, les souvenirs, bons et moins bons, d'une vie de famille, et notamment les rapports d'un fils et d'une mère, entre amour et malentendus.

De Benoît Poelvoorde, on a l'habitude de dire qu'il n'est jamais aussi bon que quand il joue un personnage grave et sensible.

C'est précisément le cas avec "Une place sur terre" de Fabienne Gobet, où Poelvoorde incarne un photographe solitaire, amoureux silencieux de sa voisine pianiste (Ariane Labed) qui joue Chopin de façon rageuse et dont il multiplie les clichés, à son insu.

On savait que Catherine Deneuve pouvait accepter de jouer avec ou pour des inconnus (ou des non professionnels).

C'est le cas avec "Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot. Elle y campe une patronne de restaurant qui plante tout le monde là en plein coup de feu et part au volant de sa Mercédès comme pour tourner le dos au passé. Résultat: une Catherine Deneuve inattendue, loin des clichés.

Enfin, chaussez vos crampons pour aller voir "Comme un lion" de Samuel Collardey, ou l'histoire du trafic de jeunes footballeurs africains que des agents sans scrupules amènent en Europe et abandonnent à leur triste sort à la première occasion. Entre success story et documentaire, instructif.

Pierre GERMAY