Nouvelles de Flandre
Cinéma: Cannes dans le rétroviseur: Une palme d'or (dé)culottée!

Filmer trois heures durant, au plus près des corps et des visages, l'histoire passionnelle d'un amour lesbien entre deux jeunes filles, il fallait l'oser.

Le réalisateur tunisien Abdellatif Kechiche (César pour "L'esquive" et "La graine et le mulet") l'a fait. Attribuer sa récompense suprême à un tel film risquant de choquer plus d'un puritain, il fallait l'oser. Le jury présidé par Steven Spielberg l'a fait. Bravo Messieurs de nous avoir ainsi offert, avec "La vie d'Adèle, chapitre 1 & 2", une palme (dé)culottée!

Car si c'est bien l'éducation sentimentale de deux jeunes filles qu'Abdellatif Kechiche filme de façon très sensuelle, c'est d'abord et avant tout une bouleversante histoire d'amour qu'il met en scène, avec toutes ses étapes, de la passion à la rupture en passant par les doutes et trahisons. Et que le couple soit homo ou hétéro, peu importe.

Et surtout, Kechiche nous offre un duo d'actrices magnifique que la palme d'or récompense également. Dans le rôle titre, Adèle Exarchopoulos, capable de passer avec la même vérité par tous les sentiments de l'amour, est époustouflante! (sortie du film en septembre).

"Le passé" de l'Iranien Asghar Farhadi ("La séparation"), déjà à l'affiche, nous plonge au cœur d'une famille recomposée (ou décomposée?). Bérénice Béjo, César de la meilleure actrice pour "The Artist", décroche le prix d'interprétation. Avec force de caractère, elle campe une maman dépassée par la situation entre son ex-mari et son nouveau compagnon, mais aussi face à sa fille de 17 ans, la jeune actrice montoise Pauline Burlet, très remarquée.

Au-delà de ces deux films phare, on retiendra encore de ce 66e Festival de Cannes, "Jeune et Jolie" de François Ozon (sortie le 21 août), l'histoire d'une ado de 17 ans qui, à la recherche de son identité, se prostitue avec des hommes rencontrés sur internet; "Jimmy P" un premier film américain pour Arnaud Desplechin, l'histoire d'un vétéran de la seconde guerre mondiale (Benicio Del Torro) pris en charge par un psy français (Mathieu Amalric), ou comment mettre en images, et surtout en dialogues, avec brio, la psychanalyse de Georges Devereux; et "La Vénus à la fourrure" de Roman Polanski, de retour à Cannes après ses déboires judiciaires, l'adaptation théâtrale mais jouissive du roman de Léopold Sacher-Masoch, le père du masochisme (avec Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric).

Pierre GERMAY


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