Nouvelles de Flandre
Les nouveaux romans de Nicole Verschoore

Lors de la présentation de ses deux derniers livres au Cercle Royal Artistique et Littéraire à Gand, Les Inassouvis et Ainsi donc, une fois encore, Nicole Verschoore nous a dit: "L'amour est chose intime, on ne peut dévoiler à voix haute ce qui touche au plus profond de soi. La lecture est un dialogue muet, le lecteur se crée une solitude pour entrer dans un autre monde, pour retrouver ou redécouvrir le sien".

Les deux nouveaux romans - Les Inassouvis, huitième dans la série déjà impressionnante, et le neuvième, Ainsi donc une fois encore - sont en effet des romans d'amour. Cette fois encore, dès la première page, dès les premières lignes lues, on est attaché au texte par la souplesse du style, les sentiments décrits avec justesse, l'évolution de l'intrigue. Jamais rien de trivial chez Nicole Verschoore, jamais rien de gratuit, et pourtant, en ce qui concerne l'amour, l'éventail est bien ouvert, de la réserve à la passion.

 Une remarque dans Les Inassouvis résume ce que le lecteur éprouve pendant la lecture: "pour la première fois, je rencontrais quelqu'un qui possédait des mots pour exprimer ce que j'avais toujours ressenti et pensé".

Les Inassouvis rappellent Le Maître du bourg. Nous sommes à Bruxelles dans les années soixante-dix du siècle dernier, en compagnie d'un patron autoritaire et d'une journaliste amoureuse de la vie. La vie déjà très moderne, sans Islam dans nos villes, est marquée par la tension entre l'Europe libre et l'Europe soviétique. Ce décor joue un rôle d'acteur muet dans l'acheminement d'un amour longtemps inavoué, violemment inspiré par le désir.

Tout au long de l'histoire, de part et d'autre, le secret se devine. Au beau milieu d'une vie active, les déjeuners au restaurant libèrent les sensibilités, l'hésitation, la pudeur, la joie des découvertes, le plaisir du partage intellectuel, les surprises du dialogue. L'homme se révèle, son discours le métamorphose. L'attachement qui en résulte est une révélation, un raccourci de moments souvent insondables, d'atmosphères impalpables, de sursauts d'émotion, des plus éphémères aux plus tenaces.

Le deuxième roman, Ainsi donc une fois encore, est une version revue de Remmer, publié en 2006 à la fin du volume Vivre avant tout. Ici, il s'agit du bonheur d'aimer - bonheur qui persiste malgré l'attente et l'absence. Le livre commence par l'évocation rapide de la solitude des femmes maltraitées par des civilisations que notre temps ne peut plus comprendre. Il passe - également en guise d'introduction - à la préhistoire d'une rencontre qui dominera non seulement le livre mais aussi toute une vie. Ce début renforce la qualité inespérée de l'entente qui va suivre. Hasard ou prédestination?

De Berlin à Bruxelles, de Milan à Montevideo, les distances séparent les amants, mais la force du souvenir les tient. Les années passent. L'intensité de la correspondance et du silence ne faiblit pas. Une dernière rencontre pourra-t-elle mettre un point final? Peut-on vivre du souvenir et savoir que quelque part, très loin, au de-là de l'Atlantique et de l'Équateur, vit celui ou celle avec qui on aurait voulu partager sa vie?

Ce qui subsiste du passé inspirera à la fin du livre une lettre de l'homme qui ne manquera pas d'impressionner le lecteur.

Dans ces deux livres, le passage du temps est spécialement à signaler, car les années se suivent, et le fluide du souvenir en fait une longue journée d'émotion.


P. V. et P. H.

"Les Inassouvis" et "Ainsi donc une fois encore", par Nicole Verschoore, Éditions Le Cri.


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