Comme le Qatar, en octobre dernier, l'Uruguay a été accepté en tant que nouveau membre au sein de la "grande famille" francophone.

Bien qu'ayant une superficie près de six fois plus grande que la Belgique, l'Uruguay semble bien petit à côté de ses deux grands voisins: le Brésil et l'Argentine. C'est le plus petit des États sud-américains. Et ce n'est pas le plus peuplé puisqu'il ne compte que 3,5 millions d'habitants. Appelé, dans le passé, la "Suisse de l'Amérique Latine", il a l'un des meilleurs niveaux de vie du continent.

Montevideo, la capitale, est la plus grande ville, le port principal et le centre économique du pays avec près de 1.500.000 d'habitants. Elle serait considérée comme la ville d'Amérique Latine où la qualité de vie est la plus élevée. Elle ferait même partie des 30 villes les plus sûres du monde.

A la frontière entre colonies espagnole et portugaise

Bien avant l'arrivée des Européens, la contrée était peuplée par plusieurs tribus indiennes. Populations qui, malgré leur farouche résistance, seront en partie décimées par des épidémies communiquées par les colons. Les survivants, eux, seront massacrés ou réduits à l'esclavage. A la fin du 16ème siècle, les deux puissances coloniales, l'Espagne et le Portugal se disputent la région. Les Espagnols arrivent à fonder Monte-video et le territoire devient une colonie espagnole dépendant de la vice-royauté de Buenos Aires. Des révolutionnaires uruguayens, sous la conduite de José Gervasio Artigas, se joignent aux Argentins en révolte contre l'Espagne. En 1814, Artigas peut mettre en place un gouvernement provisoire mais les Portugais du Brésil en profitent pour envahir le pays. Finalement, un groupe d'insurgés parvient à reconquérir lentement le pays grâce à la pression diplomatique des Européens et à l'aide de l'Argentine. En 1830, une république est officiellement instaurée sous le nom de République orientale.

Place de la langue et de la culture françaises

L'Uruguay est devenue membre de la Francophonie. Un membre observateur à l'instar de 19 autres nations dont, par exemple, les Emirats arabes réunis, la Géorgie ou la République Dominicaine. Depuis plusieurs années, l'OIF veut occuper une place à part entière sur la scène internationale. Elle s'élargit et diversifie ses objectifs linguistique, culturel, économique, diplomatique, éthique.

Il semble évident que la place de notre langue en Uruguay est assez ténue. Dans leur demande d'adhésion, les autorités uruguayennes ont souligné que "la culture francophone se trouve à la genèse de la République orientale de l'Uruguay et a accompagné le développement historique national, transmettant et diffusant des valeurs humanistes".

De nombreux liens unissent le pays à l'Europe au travers des communautés d'immigrants (dont un grand nombre de Français, en particulier originaires du Pays Basque) qui ont contribué à créer la nation. Sans compter les communautés d'origine africaine qui, à des époques diverses, ont été amenées à travers l'Océan Atlantique. C'est un des pays latino-américains les plus homogènes qui soient, puisque 87% au moins des Uruguayens sont d'origine européenne, environ 8% sont métis et 4% d'origine africaine.

Soulignons les rapports plus étroits avec la France lors de la mise en place de l'Etat, au début du XIXème siècle. Les nouvelles institutions se sont inspirées des idées, en vogue à l'époque, émanant de la Révolution française. Cette influence a conduit, pendant des années, les élites du pays à suivre une formation en France. Plus tard, lors du régime militaire imposé entre 1973 et 1985, de nombreux opposants ont séjourné en France. C'est, sans doute, ce qui explique que l'enseignement du français a longtemps été obligatoire dans les écoles uruguayennes. Depuis quelques années, cependant, le gouvernement a voulu offrir aux élèves du secondaire une formation dans d'autres langues étrangères. Il est intéressant de noter que 50% des élèves ont choisi d'apprendre, comme première langue étrangère, le portugais. Un peu plus de 25 % ont opté pour la langue française.

Ainsi donc, même si la place du français y semble assez limitée, l'adhésion de l'Uruguay à la Francophonie paraît plutôt justifiée. Elle offre une première ouverture vers l'Amérique latine.

Anne-Françoise COUNET