Nouvelles de Flandre
2012 : De Forum en Sommet, la langue française sera-t-elle gagnante ?

Deux réunions majeures pour la francophonie se sont tenues en 2012: le 1er Forum mondial de la langue française, à Québec en juillet, le Sommet de Kinshasa en octobre.

La première a rassemblé la société civile avec une majorité de jeunes, censés affirmer un changement de génération et prendre le relais de celle des pères fondateurs avec un objectif central: la langue française, sa place dans les différents secteurs de la vie sociale, les nouveaux modes de communication, les réseaux sociaux, l'économie, la recherche. Une opération de lifting, comme l'a dit la journaliste québécoise, Denise Bombardier, en conclusion du Forum.

La seconde a, comme le veut la tradition, rassemblé les chefs d'États et de Gouvernements appartenant à l'Organisation internationale de la Francophonie, au nombre de septante-sept aujourd'hui. Au-delà de la polémique créée autour du pays d'accueil du Sommet, la RDC, elle a mis l'accent sur des préoccupations plus politiques que linguistiques - l'aide au développement, la coopération, la promotion des valeurs démocratiques, la coopération avec les pays du Sud. Il a néanmoins aussi été question à Kinshasa de la place de la langue française et des vecteurs de sa promotion à la suite du Forum de Québec.

Ainsi, l'année 2012 semble avoir été marquée par un retour de l'OIF vers son point d'ancrage fondateur: l'usage d'une même langue. Il était temps, car, d'élargissements en nouvelles adhésions, les membres de la Francophonie ayant le français comme langue officielle étaient devenus minoritaires au sein de l'Organisation.

- Le document publié à l'issue du Sommet:

La déclaration "Politique intégrée de promotion de la langue française. Le français une langue d'aujourd'hui et de demain" fait tout d'abord une analyse sans complaisance du recul de la langue française dans de nombreux domaines à l'échelle mondiale et reconnait la suprématie actuelle de l'anglais. Il dresse ensuite une liste des atouts de la langue française, notamment en nombre de locuteurs, en matière de variété géographique, de vecteur de cultures diverses, de multilinguisme et de valeurs. Il fait enfin une série de propositions concrètes pour reconquérir des parts de marché, pourrait-on dire, sans oublier d'intégrer les propositions du Forum de Québec: valoriser le français dans tous les secteurs d'activités ; profiter des changements des équilibres mondiaux pour créer un pôle d'influence francophone solide à côté des autres - chinois, espagnol, russe, hindi, anglophone; être présent sur le Web et les réseaux sociaux; veiller à l'usage du français dans les institutions internationales et la diplomatie.

- Des résolutions à la réalité:

Force est de reconnaître que tous les deux ans, le Sommet de la Francophonie adopte des résolutions vigoureuses pour redonner des couleurs à la langue française sans que ces résolutions soient toujours suivies d'effets. En témoigne le vademecum relatif à l'usage de la langue française dans les organisations internationales adopté par la Déclaration de Bucarest en 2006 qui avait fait grand bruit à l'époque et qui était pourtant resté lettre morte par manque de suivi: nombre de fonctionnaires internationaux francophones n'avaient tout simplement pas été informés de cette résolution.

Une nouveauté pourtant cette année: les jeunes ont pris la parole. Souhaitons qu'ils la gardent et que leurs voix soient entendues.

La francophonie, ce sont 220 millions de francophones (en augmentation, surtout en Afrique) dans le monde, une force considérable que l'on peut développer en faisant un excellent investissement. Cessons de concevoir la Francophonie comme une peau de chagrin à "défendre" ou comme une charge. Il faut au contraire la concevoir comme une base à développer par tous les moyens, dans l'intérêt de tous et non dans un esprit nostalgique ou défensif. Les pays francophones forment un formidable réseau d'échanges et donc un levier d'influence tant sur le plan linguistique que culturel et économique. Un passeport francophone pour une communauté solidaire, procurant certains avantages à ses titulaires (emplois, études, échanges économiques et culturels privilégiés etc.) pourrait être un élément supplémentaire de cohésion de cette famille unie par sa langue.

 

Claire GOYER


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