Il se sont mis à dix pour écrire ce livre destiné à réveiller les Belges. Il faut croire que c'est difficile_? L'ouvrage est rédigé dans nos trois langues nationales avec une forte priorité au Néerlandais. C'est normal: les participants à l'entreprise sont presque tous flamands. La vision est celle de la Belgique non pas de papa, mais rénovée, sans être scindée.

Chacun des auteurs témoigne de son expérience dans le secteur d'activité qui est le sien. Ainsi, Herman De Croo, ancien président de la Chambre (Il s'agit du père, non du fils animé du Saint-Esprit), défend le principe de la royauté, mis à mal ces derniers temps. Notamment en raison du peu de clarté dans les comptes royaux, et du fait que le roi et son entourage sont exclusivement francophones. L'ancien ministre fait valoir que le roi est le lien entre tous les Belges, qu'il se situe au-dessus des partis et qu'il joue un rôle de médiateur, de pacificateur, en cas de crise.

Rudy Aernoudt, plusieurs fois chef de cabinet, professeur d'universités, explique comment rendre à nouveau la Belgique gouvernable. Certainement pas par la scission. "Les politiciens ne sont pas payés pour rendre le pays ingouvernable, bien pour le gérer", dit-il.

Mark Eyskens, ancien Premier ministre et professeur d'économie, traite des problèmes liés à la multiculturalité, devenue un fait établi. Selon lui, "l'Europe de demain ressemblera à 'une fédération confédérale ou à une confédération fédérative'". Et cet avertissement à qui de droit: "Qui choisit de rester seul se trouve en mauvaise compagnie. La nouvelle identité naît de la diversité. Il est devenu impossible d'envisager le caractère propre sans altérité".

Enfin on entend la voix lointaine des "cantons rédimés". Karl-Heinz Lambertz, ministre-président de la communauté de langue allemande, pose la question: "les jours de la Belgique sont-ils comptés? La Belgique est-elle devenue un pays sans avenir? Qui veut donner réponse à ces questions doit s'occuper activement de l'Histoire de la Belgique et regarder l'avenir à travers les lunettes du passé". La réponse? Arriver à un modèle d'Etat auquel chacune des régions peut s'identifier, mais de plus faire preuve d'une énorme faculté de compromis.

Philippe Mettens, Président du Comité de direction de la poli-tique scientifique observe que "le financement global de la Recherche en Belgique est insuffisant et, en particulier le financement public; et que, malgré cela, la qualité de la recherche dans notre pays est très bonne. Excellente même".

Pour sa part, Willy Deswaef, Consul d'Italie et président de "Belgische Alliantie-Alliance belge" souligne l'importance du principe de subsidiarité selon lequel un dossier doit être géré au niveau où il le sera le plus efficacement. L'application de ce principe peut aboutir à ce que soient confiés à nouveau au niveau fédéral certains dossiers et que d'autres soient sans doute régionalisés.

Nicolas Saverys fait entendre la voix de l'"homme d'affaires" qui a l'habitude des relations à l'étranger. Où les interlocuteurs se perdent entre "Vlaanderen", la "Wallonie" et "Bruxelles"; venant chacun avec sa délégation. Alors que, siège de la politique européenne, "Brussels" jouit d'un statut particulier bénéfique sur le plan de la notoriété.

Le secrétaire d'Etat pour la lutte contre la fraude fiscale et sociale, John Crombez, analyse le concept de "fraude" du point de vue belge. L'auteur rappelle que la fraude est un phénomène mondial qu'il convient de traiter mondialement si possible, au niveau européen certainement, mais en tous cas pas au niveau régional.

Enfin une voix de femme dans ce choeur d'hommes, celle de Inge Geerdens, engagée dans les problèmes bien réels de recrutement de personnel pour les entreprises. "Nous vivons dans un monde où des entreprises locales sont en concurrence avec des entreprises des Etats Unis ou de l'Orient... Cessons ces discussions interminables, la mise en cause des autres, de croire qu'on peut faire mieux dans une région plus petite. Prenons ensemble le taureau par les cornes (ndlr: est-ce parce qu'elle est femme que dans son texte ce taureau devient une vache?) et administrons-lui un démenti... en travaillant".

Pour terminer en souriant cet ouvrage qui aborde des problèmes graves, Rudy Aernoudt et Willy Deswaef, initiateurs du projet, ont fait... appel à un conseiller de la Cour d'Appel, fondateur de la Ligue des Optimistes du Royaume de Belgique, Luc Simonet. Tel un Pasteur Luther King, il s'écrie: "Je rêve de dirigeants politiques qui, après s'être enguirlandés, vilipendés et insultés les uns les autres, soient capables de transcender leurs colères, leurs ressentiments et leurs peurs pour construire quelque chose de beaucoup plus grand_: l'écoute, le respect et un exemple pour le monde entier".

Marcel BAUWENS

"Wake up Belgians !", Roularta Books