Nouvelles de Flandre
Emile Verhaeren et le Caillou-qui-bique à Saint-Amand

L'exposition "Émile Verhaeren et le Caillou-qui-bique", préparée en collaboration avec les AML et la province du Hainaut au Musée Verhaeren dans ce lieu féerique qu'est le village de Saint-Amand est encore, jusqu'au 11 novembre, de 11 à 18 heures, accessible aux amoureux d'art et d'histoire, de littérature et de la vie des poètes(1). Menant à la tombe de Verhaeren et l'immense nappe d'eau que forme ici la boucle de l'Escaut, la place aménagée pour les voitures ne manque pas de style et le musée lui-même, modeste en apparence dans une petite rue, offre, en un seul étage, un remarquable modèle d'agencement pour intellectuels attirés par des archi-ves, documents intimes et éditions rares.

Une fois de plus, les vitrines de l'exposition révèlent des documents, dont quelques-uns, comme en témoignent les visiteurs dans le livre d'or, sont de véritables découvertes.

La collection du musée est extrêmement riche, et à chaque exposition temporaire, le conservateur Rik Hemmerijckx l'illustre par de judicieux emprunts, révélateurs même après le thème de 2011 concernant le prix Nobel de Maeterlinck. Cette fois-ci, c'est le couple Verhaeren et les amis des quinze années 1899-1914 qui revivent, en particulier ce que pense de Verhaeren l'Autrichien Stefan Zweig, qui passa cinq étés dans la paix et la beauté de vie qu'installait le couple rien que par son intrinsèque valeur. Marthe Verhaeren était artiste peintre de talent, elle eut des élèves à Bruxelles. Les nombreux amis artistes, correspondants et éditeurs devenaient au Caillou-qui-bique des familiers du poète et du couple.

Au mur, à l'entrée de la salle, deux tableaux de Degouve de Nuncques représentent la célèbre auberge du Caillou-qui-bique, l'un, propriété du musée, l'autre, emprunt de la province du Hainaut. Au fond de la grande salle, après la lecture des documents sous le verre des remarquables vitrines, une série de portraits de Verhaeren attirent le regard: une huile de Marthe Verhaeren nous montre un Verhaeren apaisé &endash; ce qui est rare &endash;, visage et buste vus de tout près, collection de la province du Hainaut. Le poète devait être assis à une table devant sa femme, la regardant, les mains au repos, contraste étonnant avec la force habituelle de ses gestes et la violence de son regard. Quant à la célèbre démarche de Verhaeren, au même mur, En promenade, ébauche inachevée de Constant Montald, quelques gravures de l'ami Charles Bernier et sa très jolie épreuve en couleur Les Toits rouges de 1915. La série se termine sur une touchante aquatinte du déjà très vieux visage de Verhaeren.

À la sortie de cette première partie de l'exposition, surprise au mur au-dessus du livre d'or: l'importante huile de George Henri Tribout, Verhaeren assis de biais. Et dans la dernière salle, au bout du petit corridor à droite du livre d'or, autre surprise du même peintre : le célèbre tableau de Verhaeren En redingote rouge de 1907. Cette petite salle est importante elle aussi, avec sa grande table à tiroirs-vitrines entrouverts; des tabourets sont prévus(2), on n'a qu'à s'installer pour lire. Aux murs du couloir menant à la petite salle, les textes de Zweig indiquent l'essentiel de l'esprit et de l'art de Verhaeren, et au mur de la petite salle, les petits formats sont des lithos et dessins de Ramah, Spilliaert, Khnopff &endash; un Saint-Amand un peu raide inspiré par les Héros &endash; et un superbe et émouvant Errants de Van Rysselberghe (1918).

 

Nicole VERSCHOORE

Notes:

1) L'indication routière PMEV est l'abréviation de Provinciaal Museum Émile Verhaeren, E.Verhaerenstraat 71, 2890 Sint-Amands, tél. 052 33 08 05, verhaerenmuseum@skynet.be &endash; www.emileverhaeren.be

2) Au début de l'exposition le tabouret, rangé dans un coin de la grande salle, n'est pas nécessaire, l'architecte du mobilier y ayant créé un ensemble de vitrines exemplaire, esthétique et parfaitement sûr. On peut s'y accouder pour étudier les textes et y déposer de quoi prendre note.


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