Nouvelles de Flandre
Cinéma : 65e Festival de Cannes, de moins en moins francophone

Aucun film francophone au palmarès si ce n'est la palme d'or, "Amour" de l'Autrichien Michael Haneke, tourné avec deux comédiens français, Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant. Le film suit deux octogénaires bien décidés à demeurer ensemble à la maison, même lorsque la vieille dame subit une attaque cérébrale. Porté par ces deux comédiens bouleversants, le film est une épure magnifique sur l'amour.

La presse française préférait "De rouille et d'os" de Jacques Audiard qui évite bien l'écueil du mélodrame malgré le sujet_: l'histoire d'amour d'une dresseuse d'orques, privée de ses jambes après un accident, avec un boxeur peu enclin aux bonnes manières. On se demande même lequel des deux est le plus handicapé. Aux côtés de la môme Marion Cotillard, Matthias Shoenaerts, comédien flamand révélé aux Magritte dans "Tête de bœuf", aurait mérité un prix d'interprétation.

A Un certain regard, Joachim Lafosse présentait "A perdre la raison", inspiré de l'affaire Lhermitte. Treize ans après "Rosetta", Emilie Dequenne a décroché un prix d'interprétation récompensant son investissement à faire comprendre au grand public ce qui, à un moment donné, peut pousser une mère à commettre un infanticide. Attention toutefois à bien dissocier le film de l'affaire.

A Cannes, en dehors des conférences de presse, j'ai l'occasion de réaliser des entrevues (pour ne pas écrire interviews!). Mais, année après année, les Belges, francophones, tout comme les Suisses ou Québecquois, sont relégués au rang de presse internationale, comprenez non française. On me propose alors Catherine Deneuve, Sophie Marceau ou Juliette Binoche... en anglais.

Vu le nombre d'accrédités, je comprends que ces entrevues s'organisent par groupes de cinq à sept journalistes. Mais, s'il y a ne serait-ce qu'un non francophone parmi eux, l'entrevue se fera en anglais. Ou ne se fera pas! Car dans une langue que ni l'actrice ni le journaliste ne maîtrise assez que pour y mettre les nuances voulues, non merci.

Même en salle de presse, il faut se battre pour qu'un des deux téléviseurs retransmette les programmes de la télé du Festival en français!

C'est donc à notre porte que le français est bafoué par un anglais international réduit à une centaine de mots usuels, produit d'une mondialisation qui ne doit pas être subie comme une fatalité. Notre belle langue mérite mieux que cela.

 

Pierre GERMAY


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