Nouvelles de Flandre
Lectures: "La fin de la Flandre belge?"

Livre capital pour qui veut comprendre la lente détérioration des rapports entre Flamands et Francophones, l'ouvrage reprend l'essentiel des données d'une thèse de doctorat que l'auteure, Céline Préaux, a défendue récemment à l'ULB.

"Dans cet ouvrage, nous nous proposons de remonter aux origines du conflit linguistique en Belgique et d'examiner de plus près la place précise qu'y occupent les francophones de Flandre": voilà l'intention de l'historienne.

L'auteure, tour à tour, journaliste, psychologue, historienne, concentre ses analyses sur une "période déterminante au cours de laquelle les rapports de force entre francophones et néerlandophones se sont inversés en Flandre, à savoir de 1930 à 1965. Elle s'ouvre avec la flamandisation de l'université de Gand, un événement qui joua un rôle fondamental dans la représentation que les francophones se faisaient d'eux-mêmes. Cette flamandisation est suivie d'une série de lois linguistiques (1932, 1935, 1938) qui sanctionnent la territorialité de l'usage des langues en Belgique, pour déboucher, après maintes péripéties, sur la suppression du recensement linguistique (1961) et son corollaire, la fixation de la frontière linguistique (1962)".

"Le facteur économique joue un rôle central dans l'émergence d'un nationalisme flamand plus revendicatif et radical. Le développement économique de la Flandre et l'apparition d'une élite néerlandophone issue de la nouvelle Université de Gand, rend l'injustice de la frontière sociolinguistique insupportable". La langue flamande prend possession de la Flandre. Il se fait que l'économie de Flandre s'éclot au moment où la Wallonie vit le déclin de ses grands bassins industriels. Une situation qui ne favorise évidemment pas un équilibre dans les relations entre les deux communautés linguistiques. La Flandre s'est débarrassée d'un complexe d'infériorité paralysant, mais a fait une compensation développant une agressivité vis-à-vis des francophones vivant sur son territoire. Dans notre lutte depuis plus de dix ans en faveur d'une entente cordiale entre nos communautés, il nous bien fallu constater cet état d'esprit revanchard qui exige la disparition de la franco- phonie en Flandre.

Le livre décortique la situation particulière d'Anvers, dont le grand port international est un facteur de richesse et d'ouverture. Aussi sur le plan linguistique : une ville portuaire ne peut encourager l'unilinguisme. Les Anversois, fiers de leur position dominante, ont toujours revendiqué le statut de capitale de la Flandre.

Un grand chapitre est consacré à la Presse francophone de Flandre et au rôle qu'elle a joué dans la longue lutte d'émancipation culturelle flamande. Céline Préaux met en exergue les prises de position éditoriales ou les silences de "La Métropole" de "La Flandre libérale" et du "Matin". Ces journaux francophones ont disparu dans la tourmente linguistique.

Nous ne donnons ici que des têtes de chapitres d'un ouvrage qui contient une richesse factuelle... enrichissante. Le lecteur trouvera aussi les éléments d'information sur l'état actuel des relations entre les francophones de Flandre et leurs voisins néerlandophones et notamment sur la question délicate mais fondamentale, pour ces francophones, de la reconnaissance du statut de "minorité".

 

Marcel BAUWENS

"La fin de la Flandre belge?" par Céline Préaux, Ed. Avant-Propos


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