Nouvelles de Flandre
Presse francophone en Flandre: Beaucoup de cadavres...
Mais un "ressuscité", le Courrier Verbiest

Officiellement, si l'on en croit les porte-parole du Gouvernement flamand, "il n'y a plus de presse francophone en Flandre, région unilingue néerlandophone au sein de l'Etat belge".

Outre que cette affirmation est fausse, car il existe bel et bien une presse, confidentielle il est vrai... mais pas encore clandestine (prions que cela n'arrive jamais) d'expression française sur le sol flamand. Une affirmation peu glorieuse pour ceux qui la profèrent ou l'exaltent, comme certains pouvoirs communaux flamands de la périphérie bruxelloise qui vont jusqu'à interdire à leurs citoyens d'afficher à la fenêtre de leur immeuble "à vendre" ou "for sale", au profit du seul "te koop". A ce niveau là, on a envie de faire démentir l'adage et de proclamer: oui, le ridicule tue.

Il n'est pas un pays civilisé qui n'autorise, et souvent n'encourage, la diffusion de journaux écrits dans des langues non vernaculaires, comme l'Athens News en Grèce ou De Gazet van Detroit aux Etats-Unis, sans parler d'émissions télévisées en français sur l'une des chaines publiques de la TV japonaise...

Il n'y a qu'en Flandre, semble-t-il, qu'on se félicite tantôt de la mort des journaux (comme celle de "La Métropole", ou de "La Flandre libérale") tantôt de leur relégation sur des sites moins "publics" auxquels on n'accède que sur demande, telle la version française du "Lloyd Anversois", un journal de référence pour le secteur maritime européen, qui n'est plus disponible que sur internet!

Pas de subvention!

La presse francophone de Flandre est, certes, réduite à la portion congrue puisque non seulement elle ne peut plus espérer aucun subside d'autorités régionales qui ont pourtant, en leur temps, érigé en dogme le principe de "l'aide à la presse", mais il lui est interdit également, en application d'une convention léonine, de bénéficier d'une aide quelconque de la Communauté française de Belgique, ni même, pour peu que le média soit de diffusion internationale, de l'aide d'une agence comme WBI (Wallonie-Bruxelles International).

Alors, les médias francophones qui subsistent en Flandre ne survivent que grâce aux contributions volontaires de leurs lecteurs ou membres de l'association éditrice. C'est vrai pour les "Nouvelles de Flandre" et des bulletins édités par des associations de francophones, notamment dans les communes flamandes de la périphérie de Bruxelles.

Il subsiste cependant, après la disparition du "Courrier du Littoral" et du non moins prestigieux "Courrier de Gand", un dernier des Mohicans parmi la presse flamande d'expression française ayant opté pour le mot "courrier" en tête de son titre. Cet animal rare, c'est le "Courrier Verbiest", organe de la Fondation Ferdinand Verbiest, érigée en 1982 à Louvain et hébergée dans les bâtiments de l'Université flamande KUL.

Cette dernière institution académique, si elle dépend bien de la région/communauté flamande, est portée financièrement par la "Province chinoise des missionnaires CICM", organisation confessionnelle dont le siège est situé en région bilingue de Bruxelles-Capitale, à savoir à Anderlecht/Scheut.

Autre "circonstance atténuante" expliquant la "tolérance régionale" pour une publication en français: le président de la fondation n'est autre que le cardinal Godfried Danneels, ancien primat (bilingue) de Belgique et ancien patron d'un archevêché bilingue lui aussi, celui de Malines-Bruxelles.

Pour rappel, le jésuite Ferdinand Verbiest (Bruges, 1630 - Pékin, 1688), astronome, mathématicien, géographe... et mandarin chinois, est une figure marquante du règne d'un des empereurs les plus éclairés de la Chine du 17e siècle, Kangxi, dont il fut le conseiller personnel, anobli et promu directeur de l'Observatoire impérial, une fonction lui donnant rang de ministre. Il publia au cours des 29 ans passés en Chine plus de trente ouvrages savants, en chinois, en portugais, en latin, en français, mais bien sûr - car cela n'aurait eu aucun sens - pas en flamand. Il signait comme étant un membre de la "Flandro-Belga" Société de Jésus. Déjà alors, l'Etat-Nation belge n'existant pas encore, il tenait à ce que le mot "Belga" précède son nom (ce qui neutralise, observera-t-on au passage, les tentatives de récupération de son héritage moral au seul profit de la Flandre...)

Aujourd'hui le "Courrier Verbiest" est un organe de presse très "écouté" dans les milieux de la mission catholique à travers le monde mais aussi au sein des autorités chinoises actuelles... qui l'apprécient beaucoup plus que le journal théoriquement très influent qu'est "l'Osservatore Romano". Car le rédacteur en chef du "Courrier Verbiest", le père Jeroom Heyndrickx, représente la ligne d'ouverture et de dialogue avec l'église chinoise... alors que le cardinal Zen (ancien évêque de Hong Kong) également collaborateur de médias religieux, représente la ligne dure, opposée au gouvernement chinois... même si elle a davantage l'oreille du Vatican.

Inutile de dire que les autorités chinoises responsables de la politique religieuse sont particulièrement heureuses de lire la prose du périodique louvaniste... dans la langue de Voltaire.

 

André BUYSE

Informations: Courrier Verbiest - Bulletin trimestriel, 28 pp. - Institut Ferdinand Verbiest, Naamsestraat 63/4018 à 3000 Leuven, tel: 016/32.43.50, http://www.kuleuven.be/verbiest


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