Nouvelles de Flandre
La Biennale de la langue française

En mai 2005, se tenait à Bruxelles la XXIe Biennale de la langue française. Elle proposait deux thèmes, dont le premier sous forme de question: Quelle place pour la langue française en Europe? et Langue et littérature françaises de Belgique. Ils furent traités par des conférenciers venus de divers pays d'Europe et d'Afrique, du Québec et du Canada ainsi que par des professeurs et des écrivains de chez nous. Edgar Fonck, directeur de l'APPF, participa à ce congrès avec une communication intitulée La langue et la culture françaises ont-elles un avenir en Flandre?

Dakar puis Sofia ont été les villes des biennales suivantes. Dans quelques mois, aura lieu la XXIVe rencontre : à Tallinn, capitale de l'Estonie, les 15 et 16 septembre 2011, avec pour thème les réseaux sociaux numériques.

Historique

Qu'est-ce que la Biennale de la langue française, comment et quand est née cette association qui a pour objectif la pro- motion de la langue française?

En 1963, le professeur français Alain Guillermou conçoit le projet d'une rencontre internationale de francophones au- tour d'un thème lié à la langue. Elle se réalise à Namur en 1965. Le succès est tel que les organisateurs décident de renouveler l'expérience. Ce sera à Québec, en 1967. La Biennale de la langue française est née. Depuis lors, toutes les années impaires, elle se tient dans un pays ou une région le plus souvent, mais pas obligatoirement, de langue française: après Namur et Québec, ce seront Liège 1969, Menton 1971, Dakar 1973, Echternach 1975, Moncton (Nouveau-Brunswick, Canada) 1977, Jersey 1979, Lausanne et Aoste 1981, Lisbonne 1983, Tours 1985, Marrakech 1987, Québec 1989, Lafayette (Louisiane, États-Unis) 1991, Avignon 1993, Bucarest 1995, Neuchâ- tel 1997, Ouagadougou (Burkina Faso) 1999, Hull-Ottawa 2001, La Rochelle 2003, Bruxelles 2005, Dakar 2007, Sofia 2009 et, à la fin de l'été 2011, Tallinn.

Fondateur des Biennales, Alain Guillermou en assure la présidence pendant une trentaine d'années. Il choisit pour lui succéder le linguiste et grammairien français Roland Éluerd, auteur de plusieurs ouvrages dont Le vocabulaire de la sidérurgie française, La lexicologie, Grammaire descriptive de la langue française et, en 2009, trois livres de poche: Littré grammaire, Littré conjugaison et Littré orthographe.

Organisation

Constituée en association, la Biennale a son siège social à Paris. L'équipe est internationale; environ la moitié des membres du comité représentent des régions de la Francophonie autres que la France: Bénin, Burkina Faso, Communauté française Wallonie-Bruxelles, Louisiane, Maroc, Québec, Roumanie, Suisse, Tunisie. Ils se réunissent à Paris au minimum deux fois l'an. Tous les membres de l'association sont conviés, au mois de mars de chaque année, à l'assemblée générale statutaire.

À Hull (aujourd'hui Gatineau), en 2001, deux décisions sont prises: organiser, en novembre ou en décembre des années paires, une journée de colloque; réserver une des soirées de chaque Biennale à la poésie. Engagement tenu. La soirée littéraire de 2005 (biennale de Bruxelles) se déroule à la Maison de la Poésie et de la Langue française de Namur: choix symbolique puisqu'il s'agit de la ville de naissance de la Biennale. À Dakar comme à Sofia, la poésie prend place au cours de soirées où sont aussi offerts aux spectateurs de beaux spectacles de danses et de chants sénégalais, de danses traditionnelles bulgares.

Colloques

Les colloques se tiennent à Paris, à la Sorbonne pour les quatre premiers. Ils assurent la continuité de l'entreprise et introduisent la biennale à venir. Le colloque de 2002 est consacré à Samuel de Champlain, fondateur de Québec; en septembre 2003, les congressistes de La Rochelle visitent Brouage, sa ville de naissance. En 2004, les conférenciers traitent du plurilinguisme et de la traduction, thèmes prévus pour Bruxelles. Une démarche semblable anime les colloques suivants; ils abordent les thèmes majeurs des biennales qui vont leur succéder : la langue française dans les sciences et les techniques (2006), le français en Bulgarie (2008) et, en novembre dernier, les réseaux sociaux numériques.

Ce colloque préparatoire à la Biennale de Tallinn se déroule à Paris, le 26 novembre 2010, à l'Institut Télécom-Télé- com Paris Tech. Son titre: Les réseaux sociaux numériques : des mondes? des outils? Quatre conférenciers y participent: Francis Jutand, directeur scientifique de l'Institut Télécom, Serge Proulx, de l'Université du Québec (Montréal), Olivier Sagna, de l'Université Cheikh Anta Diop (Dakar) et Luc Bouiller, de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. La séance est introduite et animée par Roland Eluerd, président de la Biennale de la langue française. Le texte de Francis Jutand - empêché de venir - est lu par Jean-Alain Hernandez, chargé de l'édition scientifique à l'Institut Télécom Paris Tech, président d'honneur de l'Association des informaticiens de langue française et membre du comité de la Biennale: Les réseaux sociaux: analyse et impact. Serge Proulx, sociologue, interroge: Réseaux sociaux numériques: quels enjeux pour la société et la culture? Olivier Sagna voit dans Twitter et Facebook une prolongation de l'oralité. Luc Bouiller présente l'action du Ministère de la Culture sur réseau numérique.

La participation du public est particulièrement active et constructive. Elle permet de dégager plusieurs pistes de travail pour la Biennale de Tallinn, par exemple: Pour le lexique et pour la culture, que devient le mot ami quand on a des milliers d'amis? ou Comment développer une éducation critique à l'égard des réseaux sociaux numériques? Quelles expériences pédagogiques existent déjà?

Publications

Jusqu'en 2002, l'association a publié, à la suite des biennales, un volume d'Actes réunissant non seulement les communications des intervenants mais aussi les questions posées par le public ainsi que la liste des participants avec leurs fonctions et titres. C'est Jeanne Ogée, professeur honoraire de l'École de haut enseignement commercial (Paris) et vice-présidente de la Biennale qui a mené à bien cet énorme travail. Ont ainsi paru dix-neuf volumes dont le dernier compte plus de 500 pages: Jeunesse et langue française. Créer, partager, entreprendre. Langue française au Canada et en Amérique du Nord. Hull-Ottawa, 2001. Un vingtième ouvrage parait en 2006, un Florilège des vingt premières biennales, de Namur (1965) à La Rochelle (2003), dû lui aussi, à Jeanne Ogée. Elle y réunit en chapitres thématiques, des citations référencées extraites des conférences.

Les biennales de La Rochelle, de Bruxelles, de Dakar et de Sofia ont fait l'objet d'une brochure de synthèse, mise au point par Roland Eluerd. La dernière en date a paru à la fin de 2010. Synthèse des travaux de Sofia, elle s'intitule Les identités francophones: le français, langue de partage et d'ouver- ture en Bulgarie et dans les pays du Sud-Est européen.

Le texte complet des interventions des dernières rencontres figure sur le site de la biennale. On le consultera avec profit. Bien présenté, riche en informations, il est régulièrement mis à jour: www.biennale lf.org.

 

Claire Anne MAGNÈS

Ce texte applique les rectifications orthographiques de 1990.


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