Nouvelles de Flandre
Confidences de cokoteurs flamands à Bruxelles

Comme la plupart des francophones qui vivent en Flandre, je suis bilingue. En effet, j'ai toujours parlé le français à la maison. Mais, habitant à la mer, j'ai été à l'école, de la première année maternelle jusqu'à la fin du secondaire, en néerlandais.

J'ai ensuite décidé d'entreprendre des études universitaires en français, à Bruxelles. Actuellement, je suis en deuxième année de sciences politiques à l'ULB. Depuis cette année, je kote près de la place Flagey avec huit néerlandophones et Jonathan, un ami bilingue, qui fait les mêmes études que moi. J'ai l'habitude de parler en français avec lui. Mais quand nous sommes avec les autres cokoteurs, nous passons automatiquement au néerlandais. Lorsque des amis francophones viennent nous rendre visite, nous utilisons soit l'anglais, soit le français, plus rarement le néerlandais. Sans le moindre problème.

Récemment je suis tombée sur un article de l'édition belge de Paris Match, dans lequel on pouvait lire ce que des personnalités flamandes reprochaient aux francophones. D'après elles, les Flamands ne se sentent pas chez eux à Bruxelles. Carl Huybrechts, journaliste sportif, confie: "Quand je me promène à Bruxelles, je me sens comme un aborigène! J'y suis un paria!" Selon Wim De Vilder, présentateur vedette du JT de la VRT: "Les Bruxellois francophones ne font pas suffisamment d'efforts pour parler flamand." Betty Mellaerts, écrivain et présentatrice de la VRT, va jusqu'à dire: "Les flamands sont malheureux qu'on ne parle pas leur langue. Ce n'est pas agréable pour eux."

Luc Van der Kelen, éditorialiste au Laatste Nieuws est lui moins pessimiste: "Certes, à Bruxelles, il y a des gens antipathiques - c'est également le cas en Flandre -, mais à propos de la connaissance du flamand, c'est un cliché. Beaucoup de Bruxellois font de leur mieux pour parler notre langue. Bruxelles est ma capitale, pas une ville étrangère. Je m'y sens chez moi!"

Cet article m'a interpellée. J'ai voulu savoir ce qu'en pensaient mes cokoteurs. Ils sont venus étudier à la VUB, parce que c'est un petit campus dans une grande ville multi-culturelle et, contrairement aux personnalités interrogées dans Paris Match, ils se sentent chez eux dans la capitale.

Sye Nam, étudiant ingénieur-architecte explique: "Qu'ils parlent ma langue ou pas, ça ne m'empêche pas de m'y sentir à la maison." Yasmijn, étudiante en histoire de l'art, poursuit: "Ça m'importe peu quelle langue les autres parlent. Je fais le nécessaire pour me faire comprendre et j'espère que les autres font de même." Glen, étudiant ingénieur-architecte également, trouve que les Bruxellois font un effort pour parler le néerlandais. Quand il va à la pharmacie ou à la boulangerie, il constate que les commerçants se débrouillent en néerlandais.

Mes cokoteurs ne ressentent pas de tensions entre Flamands et francophones dans leur vie de tous les jours. Par contre, ils trouvent qu'ils ne connaissent pas assez la culture francophone et n'ont pas beaucoup de contact avec les francophones. Selon eux, cela pourrait se résoudre si on avait une chaîne de télévision commune, par exemple.

Il est assez difficile, pour moi, de me prononcer sur les questions linguistiques, parce que je parle indifféremment le français ou le néerlandais en fonction de la situation dans laquelle je me trouve. Je me rends aussi compte que pas mal de francophones font un réel effort pour apprendre la langue de Vondel. En effet, depuis l'année dernière, j'anime avec Jonathan des tables de conversation en néerlandais pour les élèves de l'Athénée Charles Janssens à Ixelles.

En faisant un pas vers l'autre, ça résout pas mal de problèmes. Si on faisait la même chose à l'échelle du pays, il y aurait moins de tensions entre Flamands et francophones!

 

Emilie FONCK


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