Quoique absent de la sélection officielle, le cinéma belge a une fois encore frappé fort à Cannes. "Illégal" d'Olivier Masset-Depasse, dénonçant avec justesse l'attitude de nos politiques et de certains policiers face aux sans-papiers, a reçu un prix à la Quinzaine des réalisateurs. Mention spéciale à l'actrice belge, Anne Coesens qui porte le film sur ses frêles épaules.

Sinon, ça faisait longtemps que le cinéma français n'avait été autant à la fête. Si le jury présidé par Tim Burton a préféré décerner sa palme d'or à un film thaïlandais expérimental et soporifique, il a aussi mis en évidence "Des Hommes et des Dieux" de Xavier Beauvois, en lui décernant le Grand Prix.

Ce récit du drame des moines cisterciens du monastère de Tibéhirine, en Algérie, enlevés puis assassinés en 1996, montre combien, face aux menaces du terrorisme, le silence, la dévotion et la prière peuvent amener des cultures et religions différentes à cohabiter en paix. Lambert Wilson et Michael Lonsdale sont formidables dans une atmosphère de méditation magnifiquement restituée.

Mathieu Amalric, ("Un conte de Noël", "Le Scaphandre et le papillon") est passé pour la quatrième fois derrière la caméra. "Tournée", inspiré de l'Envers du music-hall de Colette, lui a valu le prix de la mise en scène. Il y retrace une tournée d'épatantes strip-teaseuses "New Burlesques" dont il est le producteur exigeant et paternel. Le tout sur un ton digne de Casavettes. Chapeau!

Enfin, Juliette Binoche décroche un prix d'interprétation pour "Copie conforme" de l'Iranien Abbas Kiarostami qui, pour la première fois, a tourné hors de son pays, en Toscane. Il y suit un couple qui n'en est d'ailleurs peut-être pas un, usé par quinze ans de mariage. Mais ses scènes de vie conjugale enfoncent bien des portes ouvertes. Et Juliette Binoche? On l'a déjà vue bien meilleure qu'ici où elle rit mécaniquement, semblant bien être la seule à croire en l'histoire contée.

Même sans tapis rouge, il y a des films qui impressionnent en ce mois de juin. Ainsi, "L'amour c'est mieux à deux" d'Arnaud Lemort et Domnique Farrugia, une comédie romantique classique mettant en scène deux hommes dans la trentaine (Clovis Cornillac et Manu Payer) à la recherche de l'amour toujours. C'est un peu naïf mais les dialo-gues sont bons et la blonde Virginie Efira, sorte de Bridget Jones à la française, est craquante.

Pierre GERMAY