Nouvelles de Flandre
Journalisme et francophonie : un sujet d'actualité... belge

Selon la formule frappante d'Alfred Sauvy, "bien informés, les hommes sont des citoyens, mal informés, ils deviennent des sujets". Cette observation si pertinente me revient à l'esprit dès lors que des nouvelles rassurantes sont données sur l'évolution de la Presse.

En effet, à l'occasion de la Semaine de la Francophonie, a été dévoilée une série d'activités et de projets présentés sous le thème général "Journalisme et Francophonie".

A tout seigneur tout honneur_: Loïc Hervouet, ancien directeur général de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ Lille) et président de l'Année francophone internationale (AFI), évoque l'esprit dans lequel entend travailler le journalisme francophone: respect rigoureux des faits avérés, recherche de la vérité, intransigeance sur la liberté de la Presse. Un journalisme qui soit totalement au service du public et ne serve pas de faire-valoir aux journalistes. "Les médias ne sont ni un vecteur de la propagande d'Etat autorisant toutes les manipulations, ni une marchandise ordinaire véhiculant tous les charmes de la séduction et se moquant du contenu comme des conséquences de l'information diffusée." dit-il. Et il ajoute: "Le journalisme. Moderne repose sur trois pieds indissociables : une vaste culture générale, un savoir-faire entraîné et des principes éthiques éprouvés."

Voilà l'état d'esprit qui prévaut au sein du "Réseau Théophraste", dont il est président d'honneur. Le réseau assure ses formations dans des écoles d'une série de pays du centre de l'Europe, dans des pays africains, au Canada et a produit, pour l'UNESCO, un cours francophone de formation au journalisme.

Information et communication

L'enseignement qui est donné dans ces écoles de très haut niveau se trouve résumé dans une "charte" où est bien spécifiée la différence de nature entre l'information journalistique et les communications d'un autre ordre: propagande politique ou religieuse, publicité, relations publiques, etc…

En Belgique, l'Université Catholique de Louvain (UCL) et l'Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales (IHECS) sont membres du réseau, où n'entre pas qui veut! Dirigé par John van Tiggelen, l'IHECS prodigue un enseignement de niveau universitaire, centré sur la pratique. Sa spécificité: une solide formation universitaire de base, doublée d'une formation pratique et professionnelle, dans une relation étroite entre professeurs et étudiants, laissant place à la créativité de chacun.

Un phoenix de la Presse

Autre bonne nouvelle: la véritable renaissance d'une aile belge de l'Union internationale de la Presse francophone (UPF). Une section belge très active existait il y a une vingtaine d'années. Elle a décliné jusqu'au point de complète léthargie. Puis, par la volonté intelligente et tenace d'André Buyse, ancien journaliste de l'Agence Belga, des confrères se sont à nouveau regroupés. On peut dire que l'aile belge repart vraiment à zéro. Puisqu'elle a déposé de nouveaux statuts au Moniteur le 1er février 2009. Elle compte parmi ses membres des personnalités qui jouissent d'une renommée justement acquise: Simon-Pierre Nothomb, ancien directeur de la Communication extérieure de l'Université catholique de Louvain (UCL), Michèle Lenoble-Pinson, linguiste de réputation internationale, Edgar Fonck, directeur éminemment actif de l'Association pour la promotion de la francophonie en Flandre (APFF). C'est à l'initiative de ce dernier qu'a été faite l'enquête révélant la présence de 367.000 francophones en Flandre.

Un sujet trop brûlant?

Il faut croire que la formation des journalistes belges ne leur permet pas de prendre à bras le corps un problème politique aussi grave et aussi délicat que celui des Francophones de Flandre? Il y a donc 367.000 francophones qui sont abandonnés par le monde des médias. Leur cas se présenterait au Béloutchistan, en Mongolie ou ailleurs, on lirait des dizaines d'articles indignés, des dizaines de commentaires radiophoniques et des débats télévisés. Ici: le silence! A part un suivi de La Libre Belgique et l'un ou l'autre article dans Le Soir, rien!

Alors que depuis dix ans, dans un esprit d'apaisement par rapport aux querelles linguistiques qui enveniment les relations entre nos communautés, nous demandons simplement que soit signé un accord culturel loyal entre la Flandre et la Communauté française. Pour que puissent être à nouveau subsidiées par la Communauté française certaines activités des associations culturelles francophones en Flandre. Tous ces Francophones de Flandre sont bilingues et ne risquent guère de remettre en cause le principe de l'unilinguisme au nord du pays. Qu'est-ce qui peut bien expliquer cette obstruction de la part des autorités flamandes?

La Flandre a signé un accord culturel avec la France et une série de pays francophones; Elle exclut d'une façon arbitraire les Francophones de Flandre? Ayant interdit à la Communauté française de subsidier des activités culturelles francophones en Flandre tout en excluant de prendre le relais, la Flandre commet un lent étranglement culturel de la francophonie sur son territoire. Ça se passerait au Tibet, on crierait au génocide culturel!

Que faut-il faire pour réveiller des journalistes assoupis? Tout de même pas recourir à la violence? Compliquer davantage encore les négociations politiques en créant un parti francophone en Flandre? Ou un mouvement à défaut d'un parti? Appeler au secours le monde entier pour répandre l'image d'une Flandre nationaliste anti-démocratique?

N'oublions pas que, malgré les incitations au niveau européen, la Flandre n'a pas encore ratifié la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales.

Ou pouvons-nous régler les problèmes entre gens adultes et décomplexés? Entre gens qui vivent plus dans l'avenir que dans le passé... Excellent sujet de reportage ou de débat?

 

Marcel BAUWENS


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