Nouvelles de Flandre
Lectures: Mais oui, c'est encore Verhaeren!

Après les tomes 5 et 6 de Émile Verhaeren, Poésie Complète, le tome 7 (1) est un livre privilégié tant pour celui qui connaît et aime le grand poète de notre passé francophone, que pour la génération qui découvrira ce frère précurseur de Jacques Brel, ce merveilleux poète enthousiaste et visionnaire qui dit les choses avec passion, clairvoyance et amour des traditions authentiques. Il nous offre Les Visages de la Vie, Les Petites Légendes et Les Douze Mois, à l'origine nommé l'Almanach, qui fut illustré par Théo Van Rijsselberghe et accueilli par le monde entier comme un précieux bijou.

Autre avantage: ce septième volume est présenté par Vic Nachtergaele, professeur de philo romane, resté simple comme vous et moi, et donc doué des plaisirs élémentaires. Il survole les années 1893-1900, replaçant les poèmes dans leur contexte naturel, social et historique, mais avant tout, il nous les fait goûter. Les Visages de la Vie est une longue méditation de l'homme moderne qui réfléchit à l'histoire de l'humanité et aux espérances suscitées par les révolutions technologiques. C'est une oeuvre majeure de Verhaeren. Verhaeren chante les forces de la Nature - Vers la Mer, La Forêt, L'Eau -, les vertus humaines - La Clémence, l'Amour. Le style déclamatoire et le talent de tribun sont reconnus par Nachtergaele sur le mode admiratif, ce que nous saluons.

Lorsque parurent en 1895 Les Douze Mois, deuxième recueil du volume 7, l'édition originale - l'Almanach - se composait d'un calendrier de quatre pages, de trois mois chacune. En 1908, Mercure de France le réédita. Verhaeren lui donna alors le nom de Douze Mois et le dédicaça à Théo Van Rijsselberghe qui l'avait illustré. Cet Almanach fut salué comme une "petite merveille". Pourtant, Verhaeren désirait avant tout être social. Ses thèmes en disent long, mais n'avait-il pas raison? Car chaumière, misère, taudis, froid, peur, pauvreté riment avec le vent, la lune, la chaleur torride, les oiseaux, la bienveillance. Le folklore païen avec le bagage chrétien, et nos ancêtres avec les valeurs qui forment notre identité.

Verhaeren avait donné ce qu'il avait de plus profond dans Les Visages de la Vie, il lui fallait Les Petites Légendes pour se pencher sur son village, sur les gens simples, sur l'histoire dont nous sommes issus. Ce sont les petits vieux tout comme l'explosion frénétique du rut ou les traditions de la campagne. La Danse Macabre inspire souvent nos contemporains. Chez Verhaeren elle est le triomphe momentané sur le désespoir et la mort. Elle est très belle, très prenante, cette volonté de vie. Les légendes du tome 7 restent attachées à la magie, au fantasme, trait vital également très moderne. Une lecture pour nos jeunes, redécouverte assurée parmi ceux qui savent encore lire.

 

Nicole VERSCHOORE

(1) Les Visages de la Vie, Les Douze Mois, Les Petites Légendes (Poésie complète 7) Édition critique établie par Michel Otten, Edition Luc Pire/Archives et Musée de la littérature, Bruxelles, collection Archives du futur, 407 p.
(2) Revue Générale 2009/ 2, p. 87-88, Les Flamandes et Les Moines


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