Nouvelles de Flandre
Un plan de Paix pour la Belgique

C'est le titre qui recouvre l'ensemble des entretiens que Charles-Ferdinand Nothomb a eus avec Christian Laporte, l'un des journalistes les mieux informés sur les événements politiques.

Ancien président du parti social-chrétien, ancien ministre et ancien Président de la Chambre, ayant quarante ans d'expérience politique au plus haut niveau de respon-sabilité, M. Nothomb mérite d'être écouté quand il présente un plan de… trente ans pour résoudre, sans heurts, l'ensemble du contentieux inter-communautaire. Il évoque le précédent du plan de trente ans proposé jadis par le professeur Van Bilsen pour préparer l'ex-Congo belge à l'indépendance et qui ne fut pas pris au sérieux. Il aurait sans doute évité bien des violences si on l'avait entendu! Il y a trente ans également, le Pacte d'Egmont, résultat d'une longue négociation et porteur d'apaisement, "fut noyé par Léo Tindemans".

Tirer les leçons du passé

Aujourd'hui, estime Nothomb, le temps est venu de préparer un avenir paisible par des propositions échelonnées selon une vision à long terme. Un nouveau plan de trente ans, dont il espère qu'il bénéficiera de la leçon des deux échecs précédents. En fait, il y a deux axes de réflexion dans cet ouvrage. Un rappel des principales étapes du passé dans les relations entre Flamands et Francophones. Elles indiquent à suffisance, ce qu'il ne faut plus commettre comme erreurs. Et puis la préparation de l'avenir. Cette vision-là exige qu'on renonce au dialogue "de communauté à communauté" qui impose une polarisation peu propice à des concessions mutuelles. C'est la voie de l'affrontement et de l'échec. Et la Communauté de langue allemande est tenue à l'écart.

Il faut "séparer les questions et répartir les interlocuteurs en fonction des intérêts qu'ils ont en commun à la solution de leurs problèmes". "On peut imaginer des intercommunales qui traversent la frontière linguistique…". Dans une série de domaines économiques et sociaux, une collaboration serait extrêmement bénéfique.

Un geste important

Avant tout, "il faut s'attaquer au cœur du problème qui est psycho-linguistique". "C'est peut-être le moment de se replonger dans le cœur de l'affaire avec une question qui me paraît essentielle: ne devrait-on pas maintenant faire un véritable accord culturel entre les Communautés?" (NDLR: ce que nous préconisons ici depuis des années!) A défaut d'obtenir de la Flandre qu'elle ratifie la concention-cadre pour la protection des minorités, un accord culturel serait un geste important d'appréciation réciproque.

M. Nothomb plaide pour le rétablissement du volet linguistique du recensement décennal. A défaut, une fois de plus, de disposer des données officielles, les revendications francophones peuvent se fonder sur l'enquête tout à fait fiable, que nous avons fait faire et qui révèle la présence en Flandre d'une minorité de 367.000 francophones. Un fait qu'on ne peut plus négliger dans la négociation politique.

"Il faut donc déglobaliser les problèmes à résoudre: le linguistique qui demande du temps n'est pas le budgétaire."

Ce qui caractérise la pensée de l'auteur du plan, c'est l'ouverture d'esprit et la capacité de situer nos différends dans une Europe en pleine évolution. Voilà un livre qui peut alimenter la réflexion des futurs négociateurs sur l'"institutionnel".

 

Marcel BAUWENS

Charles-Ferdinand Nothomb, Un plan de paix pour la Belgique,
Entretiens avec Christian Laporte, Editions Racine, 192 p.


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