Si Charlotte Gainsbourg a obtenu méritoirement le prix d'interprétation pour le très contesté et contestable "Antichrist" de Lars von Trier (une auto thérapie de nature à donner bien du boulot à son psy!), c'est "Un prophète" de Jacques Audiard qui, parmi les francophones, a retenu la meilleure attention du jury du Festival de Cannes, en mai dernier; même s'il n'y a reçu que le Grand Prix, sorte de palme d'argent.

Avec cette plongée de deux heures trente en milieu carcéral, Jacques Audiard, le fils de Michel, retrace la fulgurante trajectoire d'un détenu (le formidable Tahard Rahim, inconnu jusque là), jonglant entre différents clans pour devenir un parrain à la française.

Autre performance, celle de Josiane Balasko à l'affiche du "Hérisson" de Mona Achache. La jeune réalisatrice adapte le best-seller de Muriel Barbery dont elle a ôté le mot "élégance" pour se concentrer sur la rencontre improbable d'une concierge d'un immeuble parisien dissimulant derrière un air bourru une étonnante culture littéraire, d'une fillette de onze ans à tendance suicidaire filmant son entourage comme un journal intime, et d'un élégant Japonais, nouvel occupant de l'immeuble. Parvenant à rendre attachant son personnage qui a pourtant tout pour irriter, Balasko trouve là, à n'en pas douter, un rôle pour un César.

"Bancs publics" de Bruno Padalydès, dresse une sorte de caléidoscope de notre solitude dans un monde basé sur le chacun pour soi, en suivant toute une palette de personnages au départ de la célèbre balade de Brassens. Toutefois, il manque un véritable scénario reliant entre elles scénettes et personnages.

Par moments, on a l'impression de tourner les pages d'un catalogue d'agent d'acteurs français ou d'assister à un jeu concours pour en reconnaître le plus grand nombre (Gourmet, Balasko, Poelvoorde, Amalric, Arditi, Deneuve…)! Même si certains ont une petite gueule bien sympathique, ça ne suffit pas.

"Les regrets" de Cédric Kahn, l'histoire d'un homme d'une quarantaine d'années revenant dans sa petite ville natale où il revoit son amour de jeunesse, vaut surtout par son excellent casting, Yvan Attal et Valéria Bruni Tedeschi.

Enfin, n'oubliez pas le Festival du Film Francophone de Namur, du 2 au 9 octobre. En invité d'honneur, le Québec. Pour plus d'infos: www.fiff.be.

Pierre GERMAY