Nouvelles de Flandre
Lectures : Un asile de flou nommé Belgique

L'auteur du livre qui porte ce titre n'est autre que Philippe Dutilleul, le "dangereux instigateur", l'"esprit indépendant", du canular politique lancé sur les écrans de la RTBF le 13 décembre 2007, annonçant que le Parlement flamand avait décrété l'indépendance de la Flandre.

Le voici qui lance un deuxième brûlot, sous forme de livre cette fois. Plus de 370 pages de considérations très pertinentes sur les questions institutionnelles où il rappelle toutes les composantes du différend Flamands-Francophones et aussi des problèmes de société auxquels les Belges se trouvent par ailleurs confrontés. Des réflexions personnelles, mais aussi des propos recueillis auprès de gens qui ont quelque chose d'intelligent à dire. Car le micro de Dutilleul ne fait pas le trottoir. Il ne se tend pas vers le premier venu qui bafouille parfois d'affligeantes âneries. Il choisit des interlocuteurs dont les déclarations forcent à la réflexion.

Les tabous

Il ne craint pas d'aborder des sujets tabous comme la répression si souvent promise de la grande fraude fiscale. Il interroge un fonctionnaire des finances qui en connaît un bout sur la question et qui résume la situation en ces termes très simples: "En Belgique la lutte contre la fraude fiscale est totalement arbitraire. On coince 'les petits' et 'les moyens' au hasard. Quant aux gros fraudeurs, ils échappent à toute sanction". Tout lecteur attentif de son journal est frappé du nombre de grands fraudeurs qui ne sont pas inquiétés parce que le juge constate qu'il y a… prescription…

Dutilleul évoque également un problème pourtant crucial qui est inconnu au bataillon des citoyens lambda : la prolifération des intercommunales de toute nature, dont la création répond apparemment plus au besoin de postes juteux à pourvoir qu'aux problèmes à régler. Les caisses de l'Etat, remplies par les citoyens contribuables, se vident dans les poches de petits amis politiques.

La justice

Enfin, il ose répliquer à ceux qui prétendent qu'il n'y a pas d'insécurité, mais seulement un sentiment d'insécurité. Il laisse apparaître combien l'impunité des malfaiteurs est très durement ressentie dans l'opinion publique. Les agents de police arrêtent un voleur en courant des risques ce faisant. Le lendemain le même voleur distribue les bras d'honneur aux flics: il est libre parce qu'il n'y a plus de place en prison. Dutilleul ne craint pas de faire écho aux doléances des parents de victimes de voyous meurtriers qui se plaignent de ce qu'on se préoccupe davantage de ces derniers que des parents désemparés de ceux qu'il ont tués sans états d'âme.

Le pouvoir des partis

La parole est laissée à Luc Beyer de Rycke, ancien journaliste de la RTBF devenu parlementaire européen: "La Belgique se caractérise, peut-être plus que tout autre pays européen et certainement la France, par un régime de 'particratie' absolue. Hors de partis, point de salut… ". Et "malheur, dans un parti quel qu'il soit, à celui qui ose défier la loi d'airain de l'obéissance à la ligne politique imposée. S'il est mandataire, il y perdra son siège".

C'est exactement ce que Luc Beyer de Rycke a vécu lui-même, pour n'avoir pas voulu se soumettre jadis à l'ukase de Jean Gol sur la politique relative à Israël. "Les présidents de partis détiennent plus de pouvoir effectif que le roi et les ministres qu'ils font nommer ou démissionner. Mais cet usage n'est inscrit nulle part dans la Constitution…"

Et la Belgique ?

Et nous revenons un peu aux aspects politico-économiques du point de départ que fut "Bye bye Belgium": la survie ou la mort de la Belgique. Dutilleul rappelle les enjeux des forces en présence dans les deux grandes communautés qui, au lieu de chercher un terrain d'entente, s'affrontent. "La région de Bruxelles-Capitale est un point de fixation: comme trait d'union et comme sources de conflits entre tous les Belges. C'est là que se joue l'enjeu fondamental du devenir belge et par delà européen!"

Dutilleul insiste sur le fait qu'aucun dialogue n'est possible si on ne remet tout en question. Et il lance sa "bombe atomique institutionnelle": "convoquer des états généraux de Belgique, préparés, organisés avec méthode, pragmatisme et bonne volonté réciproque, avec l'ensemble des Parlements réunis. (...)

Décréter la Confédération des peuples belges et voter une Constitution forcément amendée, organisant la plus large autonomie possible y compris dans le système de représentation politique de ses quatre Régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles élargie à ses quelques communes à facilités avec une représentation garantie pour la minorité flamande) et les cantons germanophones."

Pour plus de détails nous renvoyons le lecteur à cet ouvrage que tout citoyen et toute citoyenne politiquement conscients devraient absolument lire.

 

Marcel BAUWENS

Philippe Dutilleul - Un asile de flou nommé Belgique - Portrait à l'aigre-doux d'un pays en décomposition - Editions Buchet * Chastel


Copyright © 1998-2009 A.P.F.F.-V.B.F.V. asbl
Secrétariat: Spreeuwenlaan 12, B-8420 De Haan, Belgique
Téléphone: +32 (0)59/23.77.01, Télécopieur: +32 (0)59/23.77.02
Banque: 210-0433429-85, Courriel: apff@dmnet.be
Site: http://www.dmnet.be/ndf