Nouvelles de Flandre
Rencontre avec le Représentant permanent de la Francophonie à New York

Profitant de notre participation à la Conférence des Peuples de langue française, à Québec, nous avons rendu visite à S.E.M. Moussa Makan Camara, Représentant permanent de l'Organisation inter-nationale de la Francophonie auprès de l'ONU à New York.

Monsieur Camara avait eu la gentillesse de bien vouloir nous accorder un entretien pour nous expliquer le rôle de l'OIF aux Nations Unies. C'est dans son bureau, situé sur la Seconde Avenue, à quelques encablures des bâtiments prestigieux de l'ONU, que nous l'avons rencontré. Originaire du Mali, il est en place à New York depuis septembre 2007. Auparavant, il avait occupé de hautes fonctions dans l'administration de son pays, puis en tant qu'ambassadeur auprès de différents pays, dont la France. Il a également représenté l'OIF auprès de l'Union européenne et de l'Union africaine, entre autres. Il connaît donc parfaitement les rouages de la diplomatie au sein des institutions internationales.

Renforcement du fait francophone

Monsieur Camara nous a expliqué en détails l'objet de sa mission. Il s'agit, tout d'abord, de veiller à ce que la place du français à l'ONU soit respectée et, plus largement, d'encourager le multilinguisme. C'est là un élément primordial pour la Francophonie, comme le rappelait le Secrétaire général, M. Abdou Diouf: "L'usage de la langue de son choix est un droit fondamental. Toute atteinte portée au respect de la parité des langues, toute discrimination linguistique est de nature à entacher la qualité du dialogue et de la coopération qui sont la base du multilatéralisme."

Diverses résolutions de l'ONU vont dans le sens de ce droit fondamental, notamment celles concernant l'emploi des langues. L'Organisation dispose ainsi de six langues officielles: l'anglais, l'arabe, le chinois, l'espagnol, le russe et le français et de deux langues de travail: l'anglais et le français. Ces deux langues sont utilisées, "en principe", comme le souligne M. Camara, pour la communication interne.

Mais, il le constate trop souvent, la réalité sur le terrain est bien différente. Comme dans la plupart des autres institutions internationales, l'anglais prédomine et s'impose de plus en plus. De moins en moins de délégations s'expriment en français. Les délégués des états membres acceptent de négocier uniquement sur base de textes en anglais. Les traductions des documents, dans les cinq autres langues officielles, sont de plus en plus lentes et tardives. On le comprend donc, la tâche de la Représentation de l'OIF n'est certainement pas inutile ou superflue.

La "mobilisation" pour le respect des langues, la Francophonie la mène, et elle tient à insister sur ce fait, non pas en s'opposant à l'usage de l'anglais, mais en veillant au strict respect du statut particulier du français. Elle veut absolument éviter toute confrontation avec les représentants des autres langues. Cette mission, importante mais délicate, incombe à M. Camara. Il doit arriver à ce que tous œuvrent dans le même sens, malgré certaines "rivalités". En effet, le français, de par son statut particulier de langue de travail, attise quelque peu les convoitises d'autres groupes linguistiques. Car ces derniers n'ont pas la "place privilégiée" du français alors qu'ils ont un nombre plus élevé de locuteurs.

Réseau de veille

En collaboration entre les divers groupes linguistiques, un réseau de veille contrôle le respect des langues au niveau de la documentation, de la traduction et de l'interprétation, mais aussi des sites internet et des ressources humaines et plus spécialement du recrutement. L'OIF, quant à elle, se charge de diffuser le plus largement possible, les appels à candidature pour les postes relevant de la langue française. L'Ambassadeur Camara met en évidence un aspect supplémentaire, tout aussi important : les moyens financiers: "La diversité linguistique doit être respectée et nous veillons, tout particulièrement, à ce que les budgets nécessaires soient effectivement bien mis à disposition des divers services, comme pour la traduction par exemple."

Coordination

Enfin, l'OIF doit jouer un rôle de coordination et de mission diplomatique auprès des délégations des septante pays ou gouvernements membres de la Francophonie. Ainsi, en 2008, le Bureau de coordination du Groupe des Ambassadeurs Francophones (GAF), a été restructuré de façon à être plus efficace. Il tient, depuis, des sessions mensuelles avec le soutien technique de la Francophonie. Il essaie de rassembler le plus grand nombre de francophones et de coordonner leurs efforts pour défendre la place de notre langue. "Pour les postes à pourvoir, par exemple, nous faisons pression en soutenant tous les candidats de pays francophones". Le GAF intervient aussi au niveau des questions relatives aux missions de maintien de la paix, en encourageant le recrutement de candidats francophones et en sensibilisant les Etats membres à l'envoi de contingents militaires parlant français, en Afrique notamment, ou encore en facilitant la participation d'ONG francophones aux activités des Nations Unies.

M. Camara conclut notre entretien en soulignant: "Le but de toutes ces actions est de rendre, réellement effective, la parité des langues de travail et des langues officielles au sein de l'Organisation, conformément aux propres résolutions qu'elle a votées. Si l'ONU a choisi d'avoir deux langues de travail et six langues officielles, elle doit respecter ses décisions. Il en va de sa crédibilité."

Anne-Françoise COUNET


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