Membre observateur au sein de l'Organisation internationalede la Francophonie depuis 2004, l'Arménie est passée au statut de membre associé, lors du Sommet de Québec, en octobre dernier.

Géographiquement à cheval entre l'Europe et l'Asie, l'Arménie est historiquement, culturellement et politiquement très proche de l'Europe.

Située dans le Caucase, cette ancienne république soviétique a des frontières terrestres avec la Turquie à l'ouest, la Géorgie au nord, l'Azerbaïdjan à l'est et l'Iran au sud. Elle est constituée de plateaux et de chaînes montagneuses très élevées. Près de 90 % du territoire se situent à plus de mille mètres d'altitude.

Le paysage arménien se caractérise également par ses lacs et notamment le lac Sevan, qui fait plus de 1 200 km2 et se trouve à près de 1 900 mètres d'altitude.

L'Arménie est au cœur d'une zone qui connaît une grande activité sismique. On se rappelle du dernier grand tremblement de terre qui a fait plus de vingt-cinq mille morts, en décembre 1988.

Un passé douloureux

Avec un riche héritage culturel, l'Arménie est l'une des plus anciennes civilisations au monde. C'est la première nation à avoir adopté le christianisme comme religion officielle au début du IVème siècle. La religion chrétienne y joue donc un rôle très important.

L'"Arménie historique" couvrait quelque 300 000 km2, s'étendant de la Méditerranée à la mer Caspienne, au carrefour de plusieurs grandes cultures. Les aléas de l'histoire ont fait en sorte que sa superficie se réduise de 90 % en raison d'occupations étrangères successives. Notamment, à la fin du XIXème siècle, lorsque les Turcs ottomans et les Russes se sont partagés une grande partie de la région. Le peuple arménien a payé très cher, sa résistance contre ceux qui voulaient s'approprier son territoire. Le génocide, perpétré par l'empire ottoman en 1915, a coûté la vie à un million deux cent mille Arméniens. A cette époque, de très nombreuses personnes ont fui et se sont installées à l'étranger formant, ainsi, une importante diaspora. On estime, en effet, que seul un Arménien sur trois habiterait sur les terres de l'actuelle République d'Arménie. Les plus grandes commu-nautés se trouvent dans les pays voisins dont la Russie et la Géorgie ainsi qu'aux Etats-Unis et en France.

Après l'effondrement de la Russie et de l'empire ottoman, au début du 20ème siècle, l'Arménie devient une République socialiste soviétique. Finalement, après la dissolution de l'URSS, elle accède à son indépendance définitive en 1991. Ses relations avec certains de ses voisins restent difficiles. Des tensions récurrentes opposent Arméniens et Azéris autour du destin de la région du Haut-Karabagh, région enclavée en Azerbaïdjan et peuplée, en grande majorité, par des Arméniens. Les rapports avec la Turquie sont également très tendus notamment au sujet de la reconnaissance du génocide de 1915. Par contre, l'Arménie garde des relations étroites avec la Russie dont elle est l'indispensable partenaire dans la région.

On constate, par ailleurs, que sa politique étrangère se transforme vers la recherche d'un soutien plus fort de l'Occident. L'Arménie a ainsi exprimé son désir de s'intégrer dans les institutions européennes et, en 2001, elle a adhéré au Conseil de l'Europe.

La place des langues

L'arménien est la seule langue officielle du pays. C'est une langue indo-européenne isolée qui, comme l'albanais et le grec, ne peut être formellement rattachée à aucune autre langue de cette famille.

Le français tient une place particulière dans le pays, en raison des liens étroits qui unissent l'Arménie et la France. Des liens entre intellectuels au XIXème siècle, renforcés lors du génocide, grâce à l'accueil en France, d'un nombre important de réfugiés. On compterait actuellement plus d'un demi million d'Arméniens sur le territoire français. Par ailleurs, d'après les données publiées par l'Organisation internationale de la Francophonie dans "La Francophonie dans le monde 2006-2007", 6 % de la population en Arménie, soit 200 000 personnes, seraient francophones.

Après l'indépendance, l'Arménie et la France ont encore consolidés leurs relations par la signature de plusieurs traités portant notamment sur la coopération culturelle. Ainsi par exemple, des dizaines d'agglomérations françaises et arméniennes sont impliquées dans des jumelages. Le domaine scolaire et universitaire est également riche de traditions de coopération comme en témoignent le Lycée français à Erevan, et surtout l'Université française d'Arménie, la plus importante institution de ce genre hors de France. Cette dernière est habilitée à délivrer des diplômes français de niveau Master, dans 3 filières: droit, gestion et marketing. D'après l'OIF toujours, ces établissements, assez récents puisque fondés en 2000 et 2001, compteraient environ 60 élèves pour l'enseignement primaire et près de 800 étudiants au niveau supérieur. D'autre part, dans les écoles arméniennes, le français occupe, dans l'enseignement des langues étrangères, la troisième place après le russe et l'anglais.

Les médias

La présence de la langue française dans les médias est moins développée. En ce qui concerne la presse écrite, il n'y a pas de publication en français à l'exception de la revue de l'association des professeurs de français "Je crois au français". En radio, RFI peut être captée à Erevan. Et en télévision, TV5Monde est reçue en direct par satellite et un partenariat entre Canal France International et la Télévision nationale d'Arménie permet la diffusion, plusieurs centaines d'heures par an, de programmes français. Relevons finalement, que de nombreuses activités culturelles et de soutien à l'enseignement de la langue française, comme des séminaires pour les professeurs de français arméniens, sont proposées par l'ambassade et l'Alliance française d'Erevan.

Si la langue française est bien présente en Arménie, grâce à ces réseaux de coopération et de solidarité, en parallèle, il est intéressant de noter que la communauté arménienne de France est tout à fait organisée et active et conserve des liens très étroits avec son pays d'origine. C'est, sans doute, cette forte amitié entre les deux pays qui justifie l'adhésion de l'Arménie à l'OIF.

Anne-Françoise COUNET