Le lecteur des Nouvelles de Flandre connaît la clairvoyance et l'ardeur de Marcel Bauwens, ancien journaliste au "Soir" et président honoraire de l'Association des journalistes professionnels de Belgique. À sa vocation d'informateur il joint l'efficacité d'un langage direct et résolu, une clairvoyance sans faille et des positions tranchées, souvent audacieuses. Son combat pour la langue française en Flandre est, par exemple, bien connu.

Courageux, Marcel Bauwens se montre certes aussi dans son dernier essai, Dieu, cet athée, dont le titre ne fait pas deviner l'actualité, l'envergure et l'utilité des informations qu'il contient. La couverture porte comme sous-titre Essai théologico-philosophico-humoristique. Les deux premiers qualificatifs annoncent le propos, la réflexion et l'analyse d'un thème qui nous concerne tous, à savoir, la montée de l'islamisme dans nos pays de civilisation européenne. Le dernier adjectif, humoristique, n'est pas vraiment d'application par rapport au ton et au climat du livre. Seul le dernier chapitre essaie d'alléger la menace analysée. À propos de l'Islam, Marcel Bauwens n'est plus seul à oser exprimer le malaise de la population des pays occidentaux, ni seul à mener un combat contre l'utopie de la pluriculturalité. Utopie de paix, utopie d'entente et de non-violence. L'un après l'autre, Bauwens repèrera les détails de l'invasion sournoise d'un pouvoir destructeur de notre identité. Il examine l'illusion de nos gouvernements et autres naïfs bien intentionnés.

L'exposé est l'ouvrage d'un libre-penseur athée, respectueux du sentiment religieux et de la religiosité de l'homme, mais féroce et irrespectueux pour l'Islam conquérant, qu'il compare non seulement avec le pouvoir de Rome et de l'Église catholique romaine au cours des siècles, mais avec toutes les religions monothéistes - sectes récentes comprises. Car ces religions d'un seul Dieu engendrent la théocratie qui prend et usurpe le pouvoir, pour imposer son Dieu et détruire toute autre croyance. En imposant le Dieu unique, sa parole, ses lois… la religion acquiert le droit d'exterminer qui ne se soumet pas à elle. Un rapide aperçu historique plusieurs fois millénaire sur toute l'Eurasie illustre la thèse. Le monothéisme est le grand coupable de massacres et de la fin de la liberté, individuelle et de tout système démocratique.

La thèse de Bauwens acquiert son évidence par ses constantes références au texte du Coran lui-même, qui est la loi et le fondement du mode de vie et des agissements des fidèles de l'Islam. Ce que cette loi prescrit et les agissements qu'elle prône, Bauwens en dénonce les menaces qui nous concernent de très près et, bien au-delà, qui mettent en danger l'entièreté des acquis de notre évolution sociale. L'auteur fait un parallèle entre le laxisme de la population allemande des années trente du siècle dernier qui porta Hitler au pouvoir et l'aveuglement de la gauche actuelle des pays européens, des bien pensants et des humanistes idéalistes. Grâce à cet aveuglement, ce que Bauwens appelle l'islamo-nazisme s'est déjà largement introduit dans nos sociétés. Il ne s'agit déjà plus d'une invasion sournoise.

Pour accuser ainsi l'infiltration de l'intégrisme, la gauche aveugle, l'idéalisme naïf de la multiculturalité, il faut du courage. Bauwens en a, et il a raison de nous avertir. Ses raisonnements sont excellents et se fondent sur une parfaite connaissance de l'actualité. Il n'est cependant pas exclu que son titre choquera certains lecteurs. Même dans notre pays qui compte de moins en moins de croyants, l'athéisme est resté, comme la foi, un élément individuel et intime. L'auteur le répète lui-même dans son plaidoyer, à plusieurs reprises. Par le jeu de mots du titre, sans doute a-t-il voulu placer Dieu au-dessus de la mêlée, pour décrire la mêlée, et nous éclairer.

Nicole VERSCHOORE

Marcel Bauwens - Dieu, cet athée - Coëtquen Editions, 10 ¤ à verser au compte de l'auteur 001-2176262-46