Nouvelles de Flandre
Le mouvement flamand expliqué aux francophones

Alain Destexhe, sénateur MR apporte une pièce importante pour la clarification du débat communautaire. Il livre…un livre qui n'en est pas tout à fait un. L'ouvrage de l'homme politique constitue une brillante note de synthèse qu'il faudrait traduire d'urgence en néerlandais, et veiller à ce que chaque homme politique participant à une négociation communautaire, à quelque niveau que ce soit, en ait un exemplaire à sa disposition. Car ce raccourci historique synthétise si clairement les faits significatifs du passé, qu'il permet de trouver la bonne distance de lecture pour suivre avec aisance l'évolution des événements.

On comprend que le germe des problèmes linguistiques se trouve dans la lointaine rencontre entre les tribus d'origine germanique ou celte et les envahisseurs romains parlant latin. Il mûrit et grandit en traversant les siècles et intervient dans les décisions politiques sous la pression des premiers "flamingants".

La période qui nous intéresse directement commence en 1830 avec la Révolution patriotique des Belges s'opposant aux Hollandais. Les Flamands à forte majorité catholique se méfient des Hollandais protestants. En raison de ce clivage religieux, l'Eglise encourage l'usage des dialectes du sud plutôt que celui d'une langue du nord, ressentie comme étrangère et qui faciliterait les contacts avec les protestants abhorrés. Une longue marche commence pour obtenir une égalité légale entre le français et le flamand. Une grande victoire pour la Flandre ; le vote du projet de loi Devriendt-Cooremans en 1898. Désormais les lois sont votées et publiées dans les deux langues.

Un parallèle étonnant

La situation s'embrouille durant l'occupation de notre pays par les Allemands en 1914-18. Les Allemands projettent une "Flamenpolitik" qui rencontre peu de succès. Une minorité d'"activistes" seulement participe à cette politique allemande qui veut aboutir en fait à une union de la Flandre et des Pays-Bas. L'inverse de ce que souhaitent les Flamands.

Le gouverneur-général allemand von Bissing travaille à la flamandisation de l'Université de Gand qui commence en 1917! Le 11 février de la même année est créé un Raad van Vlaanderen, qui va décréter la séparation administrative entre le nord et le sud de la Belgique. Bruxelles devient un moment capitale de la Flandre, et Namur celle de la Wallonie. "Les membres du Conseil des Flandres, qui n'a qu'un rôle consultatif, adoptent une position de rupture par rapport à l'Etat belge qu'ils jugent une création artificielle de 1830." Nihil novi sub sole! Qui ne voit pas se dessiner la situation actuelle?

La tentation fasciste

Après la Première guerre mondiale, les éléments les plus à droite du mouvement flamand sont tentés par le fascisme. Et, au cours de l'occupation, de nombreux leaders des associations flamandes, deviennent collaborateurs. Après la guerre, près de 350 000 dossiers sont instruits à l'encontre des collaborateurs : ils sont deux fois plus nombreux en Flandre qu'en Wallonie.

On en arrive à la période moderne, dont l'auteur nous révèle les principales étapes. En 1921 est votée la loi linguistique concernant l'administration. Le mouvement wallon qui reste favorable à la thèse de l'unilinguisme en Wallonie et au bilinguisme en Flandre est contraint d'accepter la flamandisation de l'administration en Flandre."Les francophones passent à côté d'une opportunité historique en refusant le bilinguisme administratif et en s'opposant à toute facilité linguistique pour les Flamands immigrés en Wallonie, qui n'ont qu'à s'intégrer (sic)."

"Droit du sol"

Le Centre Harmel créé à l'initiative de Pierre Harmel député social-chrétien, préconise "la délimitation définitive et claire de deux régions unilingues et d'une région bilingue à Bruxelles, tout en supprimant les recensements décennaux prévus par la loi de 1932. C'est une immense concession des francophones à la conception flamande du "droit du sol" dont ils payent encore le prix aujourd'hui?"

Des différences politiques importantes viennent encore compliquer la situation. "... la Wallonie, orientée à gauche, apparaît dans toute sa différence par rapport à la Flandre catholique. Le clivage communautaire traverse désormais les trois partis traditionnels, ce qui mènera à leur scission."

Et demain?

"Après les lois linguistiques de 1962 et 1963, et les tensions communautaires de l'après-guerre, le mouvement de décentralisation de l'Etat est amorcé. Il mènera à quatre grandes réformes des institutions : en 1970, en 1980, en 1988-89 et en 1993. Ces réformes mettent fin à la Belgique unitaire, progressivement remplacée par un Etat fédéral composé de communautés et de régions."

Et aujourd'hui, "paradoxalement, la Flandre refuse d'accorder aux francophones de Flandre des droits culturels et politiques qu'elle serait pourtant condamnée à concéder si elle devenait indépendante."

Quant à demain, plus personne ne sait de quoi il sera fait. Nous vivons un de ces moments de l'Histoire où ce qui suit tient à un bout de fil hasardeux. Où donc est la raison?

 

Marcel BAUWENS

Alain Destexhe - Le mouvement flamand expliqué aux francophones - Editions Luc Pire


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