Nouvelles de Flandre
Cinéma : Les Dardenne à nouveau Palme d'or ?

On le sait, Luc et Jean-Pierre Dardenne présentent à Cannes "Le silence de Lorna" et sont ainsi en lice pour un exploit unique : une troisième palme d'or. Rêvons un peu!

"La Quinzaine des Réalisateurs", accueillera deux autres films belges: "Eldorado", le second long métrage de Bouli Lanners, et "Elève Libre" de Joachim Lafosse au parfum de scandale que la Croisette aime tant.

Plus près de chez nous, "Un cœur simple" librement inspiré d'un des trois contes de Flaubert, nous emmène sur les pas de Félicité, une bonne un peu simple au service d'une bourgeoise abjecte.

Dans une campagne normande inspirée des peintres de la fin du XIXe siècle, Marion Laine restitue l'univers de Flaubert. Le mérite en revient aussi à Sandrine Bonnaire: sa beauté sauvage et naturelle, mélange brut de force et de fragilité, de drôlerie et de gravité, éclaboussent l'écran comme à ses débuts chez Pialat.

Autre adaptation libre: "Le grand alibi". Pascal Bonitzer y substitue la bourgeoisie française de province à l'aristocratie très british d'un roman d'Agatha Christie.

Un homme (Lambert Wilson) est assassiné au bord de la piscine d'un sénateur (Pierre Arditi) et son épouse (Miou-Miou). Sa femme (Anne Consigny) est à ses côtés, l'arme à la main. Mais la balle ne provient pas de ce revolver-là!

Dans ce Cluédo grandeur nature qui oscille entre policier, drame et satire de la petite bourgeoisie, on retiendra surtout Miou-Miou en maîtresse de maison décalée qui ne veut pas voir qu'un meurtre a été commis chez elle.

"Sans arme, ni violence, ni haine" s'attache à l'exil d'Albert Spaggiari, l'auteur du casse du siècle à la Société Générale de Nice, en 1978. Jean-Paul Rouve (le Polnareff de "Podium"), devant et derrière la caméra, choisit de nous montrer la face bien moins glorieuse de l'exploit: salaud et raciste tout autant que sympathique, Spaggiari apparaît ainsi sous un jour nouveau.

Enfin, en guise de séances de rattrapage, citons encore "MR 73" d'Olivier Marchal, l'histoire d'un flic brisé, rongé par l'alcool et au passé douloureux, campé par un excellent Daniel Auteuil dans une mise en scène stylisée ; et "Il y a longtemps que je t'aime" de Philippe Claudel, l'histoire de deux sœurs qui se retrouvent après quinze années de silence ; et de prison pour l'une d'elles. Kristin Scott-Thomas (aux côtés d'Elsa Zylberstein) y crève l'écran, toute en émotion retenue.

 

Pierre GERMAY  


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