Nouvelles de Flandre
La minorité francophone en Flandre
enfin reconnue par les Flamands ?

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De Haan, le 22 janvier 2008

 

LETTRE OUVERTE AU COMITE DES SAGES

 

Madame, Monsieur,


Le Comité des Sages a commencé ses travaux dans le but de mener à bien une réforme de l'Etat belge. A cette occasion, l'Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre (APFF) tient à rappeler la situation préoccupante dans laquelle se trouve la minorité francophone en Flandre.

En effet, l'APFF estime que si la réforme de l'Etat a pour but d'accorder une plus grande autonomie aux régions et de renforcer le dialogue entre le Nord et le Sud du pays, elle doit aussi permettre aux membres des trois communautés, qu'ils soient Flamands, francophones ou germanophones, de vivre en toute quiétude dans chaque région du pays (Flandre, Wallonie ou Bruxelles).

Actuellement, ce n'est pas le cas des 300.000 francophones qui vivent en Flandre. Ils connaissent des problèmes administratifs dans la périphérie de Bruxelles et des problèmes culturels dans toute la Région flamande. Les communes flamandes de la périphérie qui accordent des "facilités" linguistiques aux francophones sont devenues des "communes à difficultés". Et les associations culturelles francophones, présentes sur le territoire flamand, tout en ne bénéficiant d'aucune aide de la Flandre, ne peuvent plus être soutenues par la Communauté française. Leur avenir est menacé.

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a pourtant mentionné la Belgique parmi les pays qui "ont des minorités significatives qui doivent être protégées et dont les droits ne sont pas officiellement reconnus". La même Assemblée a reconnu l'existence d'une minorité francophone en Flandre et a recommandé que la Belgique ratifie la convention-cadre sur la protection des minorités nationales "sans plus tarder, en veillant à ce que toutes les minorités identifiées par l'Assemblée soient dûment reconnues comme telles". Elle a aussi recommandé "qu'un accord de coopération culturelle soit conclu d'urgence entre les communautés francophone et néerlandophone".

La Flandre ne veut rien entendre, avec notamment pour conséquence, la cristallisation des tensions communautaires sur la scission de l'arrondissement bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde.

Face à cette situation, l'APFF constate avec effarement que, dans son rapport au Roi qui doit servir de base aux négociations, le Premier ministre, Guy Verhofstadt, exprime le souhait que les deux grandes communautés tombent d'accord "pour que seuls (c'est nous qui le soulignons) les germanophones (...) soient reconnus comme minorité nationale".

Et les francophones de Flandre ? Tout simplement ignorés, sacrifiés ? Les Flamands de Wallonie aussi, soit dit en passant ! Il s'agit d'un règlement de comptes et non d'une réforme de l'Etat sans vainqueur ni vaincu comme annoncé ! Nous estimons que sur ce point, Monsieur Verhofstadt fait fausse route. Ce n'est pas dans ce continuel esprit d'hostilité vis-à-vis des francophones vivant en Flandre que l'on va assurer la stabilité de notre pays pour les prochaines décennies.

Tous ceux qui sont appelés à se pencher sur l'avenir de la Belgique doivent impérativement tenir compte des recommandations du Conseil de l'Europe, de même que de la devise de l'Union européenne: "Unité dans la diversité". Ils pourraient utilement s'inspirer de l'exemple donné par le Québec francophone, qui assure leurs droits aux anglophones, minoritaires dans la province canadienne. Ils doivent aussi se souvenir des propos de l'ancien Premier ministre britannique, Clement Attlee: "La démocratie n'est pas simplement la loi de la majorité, c'est la loi de la majorité respectant comme il convient le droit des minorités."


Veuillez croire, Madame, Monsieur, à notre haute considération.


Edgar FONCK


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