Nouvelles de Flandre
L'Albanie et la Francophonie

Membre observateur en 1997, puis membre associé en 1999, l'Albanie a été admise comme membre de plein droit lors du dernier sommet de la Francophonie en 2006.

La république d'Albanie, située dans la péninsule des Balkans, est l'un des plus petits États d'Europe. Il est limité au nord par la Serbie et le Monténégro, à l'est par la Macédoine et au sud par la Grèce. Il possède, à l'ouest, une ouverture sur la mer Adriatique.

Histoire

Les Albanais seraient les descendants des Illyriens, un peuple indo-européen qui s'installe dans les Balkans, vers 1000 ans avant notre ère. La région est colonisée par différents peuples pour finalement passer aux mains des Ottomans au XVème siècle. Pendant cette longue période, une grande partie de la population albanaise s'islamise. Cette occupation a fortement marqué le peuple albanais qui a toujours tenté de se libérer de ces influences.

Après la guerre des Balkans de 1912-1913, l'Albanie accède à l'indépendance mais sans le territoire du Kosovo qui est attribué à la Serbie. Cette amputation prive l'Albanie d'une grande partie de sa population. Ainsi, aujourd'hui encore, un albanophone sur deux vit hors des frontières de l'Albanie.

Pendant la seconde guerre mondiale, le territoire est envahi par l'Italie fasciste. Une résistance armée se constitue, prend le pouvoir en 1946 et proclame la république populaire d'Albanie. Il s'ensuit un long régime communiste particulièrement autoritaire. Les Albanais vont vivre sur un territoire totalement isolé et fermé. Les liens sont rompus tant avec le bloc de l'Est que de l'Ouest. Il faut attendre la chute du mur de Berlin pour que le pays s'ouvre peu à peu et finisse par instaurer le multipartisme. L'Albanie doit alors surmonter d'énormes difficultés tant elle est ruinée au niveau économique et politique. La normalisation est difficile à instaurer en raison également des tensions avec la Serbie et la Grèce. Mais malgré ces crises énormes, les Albanais ont su éviter la guerre civile et la confrontation avec leurs voisins. Par ailleurs, pendant la guerre, ce tout petit pays, en proie à de nombreuses difficultés, a malgré tout accepté d'héberger des centaines de milliers de réfugiés Kosovars. Tous ces événements ont finalement permis un sérieux rapprochement du gouvernement albanais avec l'Europe. Grâce à son rôle de stabilisateur dans la région, l'Albanie peut maintenant avancer vers son but principal : l'intégration européenne et euratlantique.

Place du français

La langue officielle est l'albanais, une langue indoeuropéenne, tout à fait isolée, sans aucun lien avec les autres langues de cette famille. Comme c'est le cas également pour le grec et l'arménien. Le pays reste linguistiquement l'un des plus homogènes du monde avec plus de 90% d'albanophones.

Ainsi, après cinquante ans d'isolement, l'Albanie a renoué avec l'Europe occidentale et notamment avec la tradition francophone et francophile qui était bien ancrée dans le pays avant cette période. En effet, alors que le territoire albanais était sous l'occupation ottomane, l'élite intellectuelle albanaise s'est tournée vers les idéaux prônés par la Révolution française et donc, par la même occasion, vers la langue et la culture françaises. Une façon de marquer son engagement pour l'indépendance et se libérer du joug de l'occupant.

Mais c'est pendant la Première Guerre mondiale, lorsque l'Armée d'Orient occupe la ville de Korça, que l'influence française atteint son apogée. Un lycée français y est d'ailleurs créé en 1917. De ce lycée français de Korça sortira l'élite du pays, jusque et y compris les dirigeants de l'Albanie communiste.

Même au plus fort de l'isolement du pays, les relations culturelles de la France avec l'Albanie n'ont jamais été interrompues. La seule destination autorisée pour les étudiants privilégiés par le régime a été la France, qui a favorisé cette ouverture en accordant de nombreuses bourses d'études. Actuellement encore, la plupart de l'élite intellectuelle et politique est francophone ou formée dans des universités francophones.

Enseignement

Selon le rapport 2006-2007 de l'Organisation internationale de la Francophonie, il y a 320 000 francophones en Albanie, soit 10 % de la popu-lation. Plus de 80.000 jeunes étudient le français à l'école que ce soit au primaire (6 500), secondaire (51 000) et supérieur (25 500). Ainsi, environ 30 % d'élèves apprendraient notre langue dans les écoles publiques, malgré la concurrence de l'anglais, de l'italien et du grec. Par ailleurs, plus de 300 étudiants albanais étaient inscrits dans les universités françaises en 2002-2003.

Médias

La présence de la langue française dans les médias est non négligeable bien que pour ce qui concerne la presse écrite, il n'y a plus de publications en français mis à part la revue de l'association albanaise des professeurs de français. En radio, l'Agence télégraphique albanaise (ATA) et Radio Tirana diffusent un bulletin quotidien en français, RFI est retransmise 24h/24 dans certaines villes.

 Au niveau de la télévision, TV5 est reçue sur l'ensemble du territoire albanais 24h/24. France 2 et France 3 sont repris par voie hertzienne dans une quinzaine de villes. Le gouvernement a également autorisé la diffusion de toutes les chaînes françaises par satellite.

 Ces dernières années, tous les 20 mars, la Commission Nationale de la Francophonie, en coopération avec les ambassades francophones accréditées à Tirana, organise des manifestations à l'occasion de la Journée Internationale de la Francophonie.

 Grâce aux liens entretenus et jamais rompus avec la France, sa langue et sa culture, l'Albanie a été admise au sein de l'OIF. Les Albanais marquent ainsi leur soutien à un système de valeurs politiques et culturelles qui reconnaît et défend la diversité. Ils décrochent aussi une voie d'accès privilégiée pour s'intégrer au plus vite dans l'Union européenne et les autres instances internationales.

 
ALBANIE
QUELQUES POINTS DE REPèRE

Nom officiel: République d'Albanie

Superficie: 28 748 km2 (Belgique: 32 745 km2)

Population: 3 200 000 habitants

Capitale: Tirana (>500 000 h)

Villes principales: Durrës (100 000 h), Elbasan (88 000 h), Shkodër (84 000 h)

Langue officielle: albanais

Religions: musulmans 70 %, orthodoxes 20 %, catholiques 10 %

Monnaie: lek (1 euro = 133 lek)

Secteurs d'activités: agriculture: 25 %, industrie et mines: 19 %, services: 56 %

Indice de développement humain: 73ème rang mondial

Adhésion à la Francophonie: 1997 observateur, 1999 associé, 2006 plein droit

Anne-Françoise COUNET


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